Droit de grève ?

Milice patronale contre intérimaires

Droit de grève ?

par Ludovic Simbille

Ce 19 février, 32 intérimaires sans papiers en grève et leurs soutiens se sont rassemblés devant l’agence d’intérim qui les emploie, Multipro, près de la Place de la Nation, à Paris. Ils réclamaient la signature des contrats Cerfa, utiles à la régularisation par le travail. La réponse a eu le mérite d’être claire : insultes racistes en guise d’introduction, puis agression physique par une vingtaine de nervis armés de casques en guise de comité d’accueil.

« Plusieurs grévistes et soutiens, dont des personnes âgées, ont été frappés violemment, bousculées et jetées à terre. Il y a eu plusieurs blessés et une militante, frappée, a eu un malaise et a été emmenée aux urgences », dénoncent les syndicalistes de Sud et de l’Union locale CGT. La militante septuagénaire a été hospitalisée pour fracture du coude. Mais qu’a fait la police ? Elle embarque un gréviste pour ensuite le relâcher sous la pression d’un élu présent sur les lieux.

S’ils ne trouvent rien à redire à la présence de sans-papiers sur leurs chantiers quand il s’agit de profiter de leur sueur à bas coût, de nombreux employeurs ne sont pourtant pas des chantres de leur régularisation. Refus de reconnaître les grévistes comme salariés de l’entreprise malgré les fiches de paie, refus de payer la taxe Anaem relative à l’embauche des étrangers, agressions de syndicalistes, collage d’affiches sur ses vitrines pour dénoncer le « fascisme des grévistes », le patron-voyou sait aussi se faire patron-mafieux.

Le recours à la violence n’est pas nouveau. Depuis le lancement de la grève des travailleurs sans-papiers en Île-de-France, le 12 octobre 2009, plusieurs entreprises ont mené des interventions musclées contre des grévistes, comme les sociétés de nettoyage TFN ou ISS.

Suite à l’agression du 19 février, un appel à rassemblement le 24 février devant l’agence en question, place de la Nation, vise à protester contre ce mépris du droit de grève.