Plusieurs syndicats et collectifs hospitaliers appellent les personnels et les usagers à se mobiliser le mardi 16 juin, afin que le gouvernement « prenne en compte l’ensemble de leurs revendications ». Cette « journée d’action nationale d’initiatives et de grève » est lancée par dix organisations [1], dont les collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux initiateurs depuis plus d’un an de grèves et manifestations.
« Les politiques d’austérité menées par les différents gouvernements successifs avant la crise sanitaire et les non prises en compte de ce gouvernement en matière de santé et d’action sociale ont généré des carences en matière de prise en charge, qui se sont accentuées pendant la pandémie du Covid-19 », écrivent-ils. « Cette crise démontre que les questions de santé, d’améliorations des conditions de travail des salariés de ces secteurs d’activité et la prise en charge de la population doivent être des enjeux prioritaires pour notre société, déclare leur communiqué commun. La population a applaudi les agents hospitaliers, mais aussi compris l’urgence de satisfaire les revendications exprimées par ceux-ci. Nous le répétons, les professionnels ne se contenteront plus de belles promesses et de demies mesures ! »
Les organisations demandent notamment :
– La revalorisation générale des salaires de tous les personnels et la reconnaissance des qualifications des professionnel le s ;
– Un plan de formation pluridisciplinaire et un plan recrutement de personnel ;
– Le renforcement des moyens financiers significatifs pour les établissements, ce qui passe par la suppression de l’enveloppe fermée et une augmentation substantielle des budgets 2020 et 2021 ;
– L’arrêt de toutes les fermetures d’établissements, de services et de lits ;
– De réelles mesures qui garantissent l’accès, la proximité et l’égalité de la prise en charge pour la population sur tout le territoire.
« La meilleure des reconnaissances pour tous les professionnel
le s des établissements du sanitaire, du médico-social et social, c’est que ce gouvernement enfin prenne en compte l’ensemble de leurs revendications » estiment-ils dans leur appel commun.Cette mobilisation aura lieu en plein milieu du « Ségur de la santé », lancé par l’exécutif le 25 mai et censé aboutir d’ici mi-juillet. Dans son dernier communiqué du 9 juin, le collectif inter-hôpitaux s’inquiète de « l’absence de chiffrage et de calendrier pour la Santé en général et pour des revalorisations salariales en particulier, alors même que des annonces chiffrées ont déjà été faites dans d’autres secteurs économiques ». Il pointe également un manque de méthodologie qui empêcherait de « réelles discussions et l’émergence de solutions concertées » .
« Après 14 mois de mobilisation et une crise sanitaire, un retour à "l’anormal" est inenvisageable », estime le collectif Inter-Urgences. « Pour les usagers, ce n’est plus le temps d’applaudir les soignants, mais de soutenir nos revendications qui sont aussi les vôtres. » Plusieurs syndicats dont la CGT, la FSU et Solidaires ont annoncé qu’ils rejoindront la mobilisation du 16 juin. Ils dénoncent la « nouvelle imposture » du Ségur de la Santé « débouchant sur des mesures confortant la politique libérale qui prévaut depuis des années ».
Une cartographie des manifestations prévues le 16 juin dans toute la France a été réalisée par les initiateurs de la journée (en ligne ici). Le Conseil d’Etat a par ailleurs levé, le 13 juin, l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes, imposée dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire lié au coronavirus. La plus haute juridiction administrative, saisie par des syndicats et la Ligue des droits de l’homme, rétablit donc la liberté de manifester, dans le respect des « mesures barrières ».
Cette carte existe aussi via le logiciel libre Framasoft, avec une recension des mobilisations par Sud Santé Sociaux.
Photo de une : « Du fric pour l’hôpital public », message de soutien aux soignant.e.s accroché à des balcons à Aubervilliers, 18 avril 2020. © Anne Paq