Aéroport de Nantes

Notre-Dame-des-Landes : première victoire médiatique et politique

Aéroport de Nantes

par Nolwenn Weiler

Les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes vont-ils gagner la partie ? Après vingt-huit jours de grève de la faim, ils viennent en tout cas de marquer un point : les expulsions et expropriations sont suspendues, le temps, de « laisser parler le droit ». C’est-à-dire d’avoir épuisé tous les recours judiciaires en cours. Les agriculteurs menacés d’expulsion vont pouvoir souffler et envisager plus sereinement semailles et récoltes. L’Etat leur garantit qu’aucun paysan ni habitant, installé avant février 2008 (date de la déclaration d’utilité publique) et ayant refusé l’accord amiable avec Vinci, ne sera expulsé. Et ce, jusqu’au rendu des recours déposés avant le 4 mai 2012. Plusieurs mois de tranquillité en perspective pour les habitants et les militants installés sur la zone.

Jean-Marc Ayrault, le député-maire de Nantes, s’est félicité de cette suspension des expulsions, vue comme « l’ouverture du dialogue ». Pressenti au poste de Premier ministre, ce partisan farouche de l’aéroport a probablement été invité par le Parti socialiste, et par François Hollande, à se montrer plus conciliant. Histoire qu’un nouveau Larzac ne se dessine pas dans le Grand Ouest. « C’est une immense victoire idéologique et médiatique : nous avons acquis un capital de sympathie bien au-delà de ce que nous pouvions imaginer avant le déclenchement de la grève de la faim, estime Geneviève Coiffard-Grosdoy, militante d’Attac, opposée au projet d’aéroport. Nous sommes convaincus que ce projet deviendra de plus en plus difficile à réaliser car il apparaîtra de plus en plus fou dans le contexte de crise financière, écologique, climatique qui est le nôtre actuellement. »

Les six grévistes de la faim [1] auront quand même attendu quinze jours pour que les élus locaux se manifestent, par un courrier. Ce n’est qu’au bout de vingt-sept jours que le secrétaire fédéral du PS Loire-Atlantique s’est déplacé square Daviais, dans le centre de Nantes, au campement des grévistes. Jacques Auxiette, président socialiste de la Région Pays-de-Loire a, de son côté, affirmé sur son blog que « la main tendue de François Hollande ne remet(tait) pas en cause le projet ». Il ajoute même que « passé les quelques recours engagés, la construction de l’aéroport se poursuivra ». Côté opposants, la vigilance est donc de mise. Le collectif est bien décidé à poursuivre la mobilisation, et à interpeller les candidats aux législatives sur ce projet.

Notes

[1Cinq ont jeûné alternativement. Michel Tarin, agriculteur, a suivi les vingt-huit jours de grève de la faim.