Renoncer à faire trois repas par jour pour que ses enfants puissent manger à leur faim. Un e Français e sur quatre n’a actuellement pas d’autre choix. Pour les neuf millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, la nourriture est une variable d’ajustement.
Se nourrissant du désarroi, le Rassemblement national a martelé ces derniers mois qu’en cas d’accession au pouvoir, il supprimerait la TVA sur cent produits de première nécessité pour redonner du pouvoir d’achat. Ce 17 juin, Jordan Bardella a finalement annoncé que cette suppression « se fera dans un second temps », sans précision. Ce renoncement vise avant tout à rassurer les milieux économiques, à l’heure où la conquête de Matignon par l’extrême droite devient possible.
Ce renoncement n’est pas le premier. A l’autre bout de la chaine alimentaire, de plus en plus d’agricultrices et agriculteurs peinent à vivre de leur métier. Eux aussi subissent les augmentations des coûts de production sans pouvoir toujours répercuter ces hausses sur leurs produits. Des profits ont pourtant bien augmenté : ceux de l’industrie agro-alimentaire ont plus que doublé entre 2022 et 2023, profitant de l’absence de toute régulation par le gouvernement. Quand la gauche réunie a proposé en avril dernier de garantir enfin, par la loi, un prix minimum d’achat sur les produits agricoles, le Rassemblement national s’est abstenu.
Mais faut-il vraiment décortiquer chaque position et mesure proposée par l’extrême droite quand l’idéologie mortifère défendue est celle de la « préférence nationale ». Celle qui consiste à opérer une discrimination entre « les Françaisl’accueil est inconditionnel. Toute personne qui fait la démarche de venir doit être accueillie.
es » et « les étranger es », quand dans les files de l’aide alimentaire se multiplient les visages de la pauvreté. Je repense à Jocelyne faisant des maraudes pour les Restos du cœur : « Pour moi, la maraude est un échange, un regard, un sourire ». Là, aucun justificatif n’est demandé,Cette solidarité du quotidien, nous vous la racontons à travers nos reportages depuis 15 ans à Basta!. Comme journaliste, elle me prend aux tripes lorsqu’il s’agit d’accompagner les bénévoles de Solidarité paysans. « Je veux éviter que des agriculteurs prennent la corde. Parce qu’il y a des jours où ils n’en sont pas loin » m’avait ainsi confié Bruno, 58 ans. « Pour nous, tout le monde a le droit à un accompagnement. Si on n’est pas là, il n’y a plus de filet » avait insisté Jo, 76 ans, ancien producteur de lait.
Vous êtes nombreuses et nombreux, partout en France et bien au delà, à lutter contre la progression de la précarité et de l’insatisfaction alimentaire, à mettre en œuvre des projets où l’on décide collectivement de ce qu’est une alimentation de qualité. Vous êtes ainsi des dizaines de milliers à avoir partagé l’histoire des habitantla prise en charge à 100 % de la nourriture ! Pour mieux vivre d’un bout à l’autre de la chaine alimentaire, ils et elles ont fait place à la solidarité, à l’intelligence collective, à la démocratie alimentaire.
es de Cadenet, petit village du Vaucluse, où l’on expérimente une sécurité sociale alimentaire. Leur convention citoyenne locale a débouché surSi vous aussi vous voulez faire entendre d’autres voix, il reste quelques heures pour soutenir notre journal, par un don ponctuel ou mieux encore par un don mensuel de 5, 10, 15 euros ou plus, selon vos moyens.