Grand projet inutile

Projet d’autoroute A69, l’emblème d’une fuite en avant : mobilisation les 22 et 23 avril

Grand projet inutile

par Maÿlis Dudouet

Le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres menace d’artificialiser 400 hectares, alors qu’un projet alternatif d’aménagement routier existe. Plusieurs organisations dont les Soulèvements de la Terre appellent à manifester les 22 et 23 avril.

L'affiche de la mobilisation contre le projet d'autoroute A69, les 22 et 23 avril.
L’affiche de la mobilisation contre le projet d’autoroute A69, les 22 et 23 avril.

C’est un projet vieux de 40 ans qui « condamnerait 400 hectares de terres agricoles, de zones humides, de forêts et autres formes de vie ». Ce tronçon d’autoroute avec péage relierait Toulouse via la commune de Verfeil à Castres par un tracé de 53 kilomètres (hors rocade toulousaine). Plusieurs organisations – les Soulèvements de la Terre et le collectif La voie est libre, soutenus par Extinction Rébellion Toulouse et la Confédération paysanne – appellent à deux journées de manifestation contre le projet les 22 et 23 avril prochain, dès 12 h, sur le tracé de la future autoroute à 2x2 voies.

Face à ce projet de 468 millions d’euros, financé à hauteur de 23 millions d’euros par l’État et confié au concessionnaire NGE-Atosca, le collectif RN126 milite « depuis plus de 10 ans » pour l’aménagement de la nationale 126, alternative gratuite et préexistante au projet d’autoroute à péage de l’A69 estimé à « 20 euros aller-retour ».

L’idée de créer une autoroute parallèle à une nationale existante, pour moins de 8000 véhicules/jour, rappelle le projet de l’A45 entre Lyon et Saint-Étienne qui a finalement été enterré.

Un désastre environnemental pour un gain de temps dérisoire

Le programme des 22 et 23 avril pour la mobilisation A69 sortie de route.
Le programme des 22 et 23 avril pour la mobilisation A69 sortie de route.

Le collectif La voie est libre parle d’un « projet inutile » et dénonce les « arguments fallacieux » des porteurs de projet. Le « gain de temps » serait « trompeusement surévalué (35 minutes), en contradiction avec tous les simulateurs d’itinéraires (12 à 15 minutes) ». Avec 75 kilomètres reliant Toulouse et Castres, l’A69 a pour objectif de connecter la commune de Verfeil - dont la mairie est opposée au projet - à celle de Castres, sur 53 kilomètres d’autoroute. Les autorités parlent d’un projet destiné à « désenclaver et favoriser l’attractivité économique du sud du Tarn ».

Des chercheurs, scientifiques, députés, sénateurs ou élus européens se sont prononcés en défaveur du projet dans une tribune intitulée « A69, l’emblème d’une fuite en avant ». Plus de 130 agriculteurs locaux menacés par le projet ont également rejoint la lutte pour stopper l’A69 et défendre leurs terres.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pour sa part évoqué le 5 avril le projet en commission de loi, parmi « 42 projets contestés sur le territoire », et dit redouter « des volontés d’installer des ZAD ».

Malgré les recours juridiques, rassemblements festifs et occupations, la mise en service de l’A69 est prévue au second semestre 2025. Des actions menées depuis plusieurs semaines ralentissent le début des travaux. « Les 22 avril et 23 avril, soyons des milliers à nous rassembler pour le grand pot de départ du concessionnaire, lors d’une manifestation déterminée et déterminante » écrivent les organisateurs. « Divers événements seront organisés pendant le week-end : manifs, discussions, concerts et spectacles, repas, le tout en présence de nombreuxses invitées ! »

 Plus d’informations sur la mobilisation Sortie de route, les 22 et 23 avril et sur Telegram : t.me/sortiederoute_A69

photo de une : La Grande Marche contre l’A69 qui s’est déroulée du 21 au 24 octobre 2022 - 60 km sur le tracé du projet d’autoroute. © La Voie est libre

Suivi

Rectificatif du 14 avril 2023 : Contrairement à ce que nous avions écrit précédemment, le village de Verfeil concerné par le tracé de l’autoroute ne se trouve pas dans le Tarn-et-Garonne mais en Haute Garonne.