Grand projet

Projet d’autoroute à Strasbourg : le gouvernement expulse les opposants

Grand projet

par Sophie Chapelle

Deux jours après le succès des marches pour le climat qui ont réuni plus de 100 000 manifestants dans toute la France, le gouvernement envoie les forces de l’ordre pour déloger des protecteurs de l’environnement près de Strasbourg. 515 gendarmes ont été mobilisés par la préfecture du Grand-Est depuis ce matin, 10 septembre, pour évacuer la « zone à défendre » de Kolbsheim. « Cette opération intervient en exécution de la décision rendue par le tribunal administratif de Strasbourg le 20 juin 2018 ordonnant aux occupants sans autorisation de quitter immédiatement les lieux », fait valoir la Préfecture dans un communiqué.

Les occupants s’opposent au chantier du Grand contournement ouest de Strasbourg (GCO), un projet de 24 kms d’autoroute à péage conçu dans les années 70. Le GCO – dont le concessionnaire est Arcos, filiale du groupe Vinci – est destiné à désengorger l’actuelle A35 qui traverse Strasbourg. Or, ce projet détruirait 350 hectares d’espaces naturels, de forêts et de terres agricoles (notre précédent article).

Fin janvier, Nicolas Hulot avait décidé de proroger la déclaration d’utilité publique du Grand contournement ouest de Strasbourg, faisant fi des recommandations du Conseil national de protection de la nature. Aucune leçon ne semble avoir été tirée par le gouvernement six mois plus tard : le jour même de la démission du ministre de la Transition écologique et solidaire, une commission technique, où l’État est largement présent, se prononce en faveur des travaux définitifs du GCO [1].

Ce projet a pourtant reçu plusieurs avis négatifs dans le cadre de l’enquête publique ou par des organismes officiels, concernant notamment l’impact sur l’eau, les forêts et les espèces menacées [2]. La maire de Schiltigheim, l’écologiste Danielle Dambach, a indiqué avoir pris contact avec le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, en lui demandant de stopper les travaux [3]. Sans réponse à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Photo : © Christophe de Barry / twitter