Syrie

Quand des armes européennes servent à écraser les combattants kurdes

Syrie

par Rachel Knaebel

Depuis que le pouvoir turc a lancé une offensive militaire contre les groupes armés kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) dans le canton d’Afrin, en Syrie, la polémique enfle en Allemagne : l’offensive contre les combattants kurdes se déploie grâce à des chars de combat allemands. Les images de l’opération menée par l’armée turque depuis ce week-end sont claires : des chars Léopard de production allemande sont à la manœuvre et bombardent ceux qui, quelques mois plus tôt, avaient stoppé la progression de Daesh dans le nord de la Syrie.

La Turquie, membre de l’Otan, est l’un des grands clients des exportations d’armements allemands. Elle s’est fait livrer plus de 50 chars de type Léopard depuis 2010, des centaines depuis 2006. L’entreprise Rheinmetall qui produit ces chars et l’Etat allemand ont tout récemment engagé de nouvelles discussions avec le pouvoir turc en vue de nouveaux contrats, malgré la dérive dictatoriale du régime Erdogan.

L’Allemagne n’est pas le seul pays européen à fournir des armes ultra-modernes à la Turquie. L’Italie lui a livré des hélicoptères de combat, encore 2016, et des canons navals depuis 2009. La France a vendu des radars militaires maritimes, conçus par l’entreprise française Thales. Les Pays-Bas l’ont équipé avec de nombreux systèmes de radars et la Norvège lui a expédié des missiles anti-navires [1]. Ce sont aujourd’hui des armements européens et surtout allemands, qui servent donc à combattre les groupes militaires kurdes de Syrie. En 2013, l’Allemagne fournissait des armes aux peshmergas kurdes combattant en Syrie contre le groupe État islamique. A l’époque, la Turquie ne bougeait pas le petit doigt contre les djihadistes.

En photo : chars allemands Léopard 2 de la Bundeswehr

Notes

[1Voir les données des registres du commerce recueillis par l’ONG Sipri.