Le 20 septembre, le cyclone Maria dévaste l’île de Porto Rico, un territoire appartenant aux États-Unis, peuplé de 3,5 millions d’habitants à l’est de la République dominicaine. L’ouragan fait seize morts, l’île est plongée dans le noir, la moitié des habitants est privée d’eau potable. Washington a attendu une semaine avant de prendre des mesures d’ampleur pour venir en aide à l’île. Le président Trump ne s’est toujours pas rendu sur place en personne.
Les créanciers de Porto Rico, eux, ont réagi au quart de tour. Car l’île est sur-endettée depuis des années. Sa dette publique s’élève aujourd’hui à plus de 70 milliards de dollars. Le territoire s’est d’ailleurs déclaré en défaut de paiement une nouvelle fois en mai dernier. Qu’on fait les détenteurs de la dette portoricaine après la dévastation de l’île par l’ouragan Maria ? Ils se sont empressés de proposer à Porto Rico de nouveaux crédits, pour financer la reconstruction de ses infrastructures. C’est le journal indépendant en ligne The Intercept qui a révélé l’information.
L’offre consiste en de nouveaux crédits d’un milliard de dollars, assorti d’un apparent allègement de dette de 150 millions sur d’autres crédits. Mais « l’offre était en fait pire en terme d’allègement de dette que celle proposée par le même groupe de créanciers en avril, bien avant que l’ouragan n’ait détruit la plus grande partie des infrastructures de l’île », note le journal.
De fait, les autorités de Porto Rico ont rejeté l’offre, qu’elles ont considérée comme non viable. « L’agence fiscale de Porto Rico a suggéré que c’était le profit plus que l’altruisme qui été le but réel de l’offre des créanciers », écrit The Intercept. Les mêmes créanciers qui ont profité pendant des années des rendements élevées et des exonérations d’impôts des obligations émises par Porto Rico.
– Sur la dette de Porto Rico, lire :
La dette néocoloniale de Porto Rico, par le Comité pour l’abolition des dettes illégitimes, CADTM