Pétrole

Shell s’installe au large de la Guyane

Pétrole

par Sophie Chapelle

Shell se frotte les mains. La compagnie pétrolière estime avoir mis la main sur un puits de pétrole, au large de la Guyane, équivalent à 1 milliard de barils, soit 0,1 % des réserves mondiales prouvées. Les premières découvertes remontent à septembre 2011, mais le timing s’accélère. La préfecture de Guyane a délivré le 12 mai « la déclaration des travaux de forage et d’études sismiques pour Shell ». Si le préfet ne se manifeste pas sous quarante-cinq jours, Shell pourra débuter ses nouvelles prospections pétrolières dès le mois de juin. Actionnaire majoritaire d’un consortium avec Total (ainsi que l’irlandais Tullow Oil et le britannique Northern Petroleum), le géant pétrolier s’apprête à réaliser quatre forages d’exploration ultraprofonds, deux en 2012 et deux en 2013. Les travaux de forage se situent à 130 km des côtes, et s’enfonceront jusqu’à plus de 6 000 mètres de profondeur, sur une zone d’environ 5 300 km2.

La société entend aussi mener une campagne de recherche d’hydrocarbures par ondes sismiques en 2012. « Pour des raisons de hauteur d’eau et de pénétration suffisante des ondes dans les formations géologiques, l’intensité des ondes est très élevée », concède Shell dans son étude d’impact. « Les campagnes sismiques prévues dans les prochains mois auront de graves impacts sur la faune marine, particulièrement riche de cétacés et tortues », dénonce en retour le Collectif or bleu contre or noir. Et de préciser qu’« en cas de marée noire, les industriels admettent qu’il serait impossible de nettoyer la mangrove du plateau des Guyanes, un écosystème primordial pour notre région ». Les marées noires permanentes dévastatrices au Nigeria illustrent la manière dont Shell, principal opérateur sur place, gère les impacts environnementaux.

Le préfet de Guyane pourra lever la déclaration sous quarante-cinq jours s’il estime que des enjeux lourds font craindre pour la sécurité humaine et environnementale inhérente au programme pétrolier. Le poids des arguments écologistes face au lobby des multinationales du consortium sera-t-il suffisant ?