Souffrances au travail

Suicide d’un cheminot délégué syndical : le management de la SNCF mis en cause

Souffrances au travail

par Nolwenn Weiler

Un rassemblement intersyndical se tient ce mercredi matin, 15 mars, à la gare Saint-Lazare à Paris pour demander des comptes à la direction de la SNCF suite au suicide d’Édouard, cheminot. Celui-ci s’est jeté sous un train le week-end dernier [1]. Pour le syndicat Sud Rail, auquel appartenait l’agent qui a mis fin à ses jours, le travail est directement en cause dans le suicide de leur camarade. « Depuis plusieurs années, il était attaqué par une direction qui ne supportait pas son engagement syndical mis au service de la défense de ses collègues et sa lutte contre les injustices », signale l’organisation syndicale dans un communiqué.

Ses supérieurs « ne lui donnaient pas les postes qu’il demandait et le mettaient sans cesse de côté, détaille Bruno Poncet, de la Fédération Sud Rail, contacté par Basta!. Dans le cadre de son mandat au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), il avait demandé des procès verbaux qui lui étaient systématiquement refusés, alors qu’il avait le droit de les demander, dit encore Bruno Poncet. La direction lui rétorquait qu’il était harcelant, qu’il exagérait, etc. »

Répression syndicale et risques de suicides

En août dernier, suite à un « regard menaçant » qu’il aurait adressé à son manager, qui lui reprochait aussi de « parler trop fort », le cheminot décédé avait été convoqué à un entretien. « Il y a ensuite eu un conseil de discipline, avec une mise à pied de douze jours, décrit Bruno Poncet. Il a aussi eu un "dernier avertissement avant licenciement". À cela s’est ajoutée une mutation disciplinaire, qui lui imposait de changer de lieu de travail, alors même que le médecin du travail avait dit qu’un changement de lieu et de collectif de travail pourraient lui être dommageable, Édouard étant reconnu comme travailleur handicapé. » Selon les syndicats, la répression syndicale est courante au sein de la SNCF, et les conseils de disciplines suivis de licenciements se multiplient.

« Nous avons de plus en plus de dossiers en cours », assure Bruno Poncet, qui signale par ailleurs que les conditions de travail « se détériorent très sérieusement pour tout le personnel », qu’il soit syndiqué ou pas. « On a des systèmes de management proches de ceux un temps pratiqués au sein d’Orange, et qui avaient mené à une vague de suicides », avertit le syndicaliste. Contactée, la direction a renvoyé Basta! vers la dépêche AFP dans laquelle elle mentionne que le cheminot qui s’est suicidé avait « a priori des relations tendues avec ses dirigeants », et qu’une « enquête de police était en cours ».

Notes

[1Voir l’appel au rassemblement de Sud Rail, la fédération CGT des cheminots, la CFDT cheminots Paris Saint Lazare, Unsa Ferroviaire et FO cheminots.