Catastrophe

Suite à l’ouragan Harvey, une usine pétrochimique menace d’exploser au Texas

Catastrophe

par Olivier Petitjean

Le bilan de l’ouragan Harvey et des inondations qu’il a provoqué au Texas pourrait s’alourdir : une usine du groupe chimique français Arkema à Crosby, à 45 kilomètres de Houston, serait sur le point d’exploser. En raison des pannes successives des équipements de réfrigération des produits chimiques hautement inflammables, il n’est désormais plus possible, selon les dirigeants du groupe, d’empêcher la catastrophe. Une explosion de l’usine et un « incendie intense » devraient survenir dans les prochains jours.

Une zone de 2,4 kilomètres autour du site a été évacuée. Une dépêche de l’Associated Press relève que dans une étude d’évaluation des risques datant de 2014, Arkema avait estimé que, dans le pire des scénarios, une explosion de l’usine peut concerner plus d’un million de personnes dans un rayon de 37 kilomètres. Selon l’entreprise, ce scénario demeure cependant « très peu probable ». Deux explosions ont été entendues sur le site ce jeudi 31 août.

Mises à part les autorités américaines et l’industrie pétrolière, tout le monde s’accorde à reconnaître le rôle du réchauffement climatique dans les ravages causés par l’ouragan Harvey – le plus puissant à avoir atteint les côtes du Texas depuis un demi-siècle. Houston, quatrième ville la plus peuplée des États-Unis et bastion de l’industrie pétrolière, est particulièrement exposée aux risques d’élévation du niveau des mers, qui la rendent également plus vulnérable face aux ouragans. Pourtant, comme le rapportait le site ProPublica dans une longue enquête, les autorités locales n’ont presque rien envisagé pour se préparer à ces risques et à leurs conséquences à la fois économiques et humaines. Ce sont principalement les minorités et les populations les plus pauvres du Texas et de Louisiane qui se sont trouvées frappées par Harvey. Le bilan provisoire s’établit officiellement à 37 victimes. Les pluies et inondations vont encore perdurer pendant plusieurs jours.

Nombreuses fuites de produits chimiques

Le sort de l’usine d’Arkema, un groupe né de la séparation des activités chimie de Total en 2006, n’est pas un cas isolé. Les nombreuses raffineries et complexes pétrochimiques de la région de Houston – dont les installations de Total à Port Arthur – ont dû fermer ou réduire leur activité. On signale également de nombreuses fuites accidentelles de produits chimiques dangereux – près de 1000 tonnes au total selon les informations pour l’instant disponibles, examinées par le site Politico.

Les côtes du Texas et de la Louisiane abritent près de la moitié de la capacité de raffinage américaine. C’est également là que sont situées les terminaux méthaniers destinés à l’exportation du gaz de schiste en Europe et ailleurs. La centrale nucléaire South Texas Project, située à environ 150 kilomètres de Houston, continue en revanche à tourner à pleine capacité malgré les inondations. La production de gaz et de pétrole de schiste au Texas est fortement ralentie, notamment dans le gisement actuellement en plein boom de Eagle Ford.

L’industrie chimique française s’est fortement mobilisée pour promouvoir le gaz de schiste, vantant la manière dont celui-ci a permis une « renaissance » de la pétrochimie aux États-Unis. Arkema, Total, Solvay et Air Liquide sont toutes présentes dans la région. Total a annoncé il y a quelques mois l’installation la mise en place d’un nouveau vapocraqueur – une usine qui sépare les différents produits pétroliers – à Bayport, quelques mois à peine après avoir fermé celui de Carling, en Moselle.

Olivier Petitjean

Photo : CC Roy Luck