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Sur la ligne de front du Lyon-Turin, à la rencontre des opposants et des promoteurs de ce projet pharaonique

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par Rédaction

Réunis le 27 septembre à Lyon pour un sommet franco-italien, Emmanuel Macron et Paolo Gentiloni, le président du Conseil italien, ont confirmé leur engagement dans la réalisation de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin. Tout en reconduisant « la pause » du chantier, côté français, dans la déclaration finale qui en est issue. Alors que les travaux de cette LGV sont estimés à près de 26 milliards d’euros par la Cour des comptes, la France entame une réflexion sur l’ensemble de ses grands projets d’infrastructures, et rendra sa décision « au plus tard au 1er trimestre 2018 ». Un reportage interactif des étudiants de l’École de Journalisme de Grenoble revient sur ce grand projet, peu médiatisé malgré vingt ans de discorde.

« Nous sommes l’un et l’autre pleinement engagés ». Lors du 34e sommet franco-italien qui s’est tenu le 27 septembre à Lyon, Emmanuel Macron, a rappelé l’engagement de la France et de l’Italie dans la réalisation de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin. Mais la déclaration finale issue de ce sommet est beaucoup plus nuancée. A la page 27 de cette déclaration, il est précisé « que les engagements internationaux pris constitueront un critère important dans la réflexion que la France mènera à l’égard de l’ensemble de ses grands projets d’infrastructure, et dans les décisions qui seront prises par la France au plus tard au 1er trimestre 2018. » Traduisez : la « pause » du projet de ligne à grande vitesse annoncée par Élisabeth Borne, la ministre chargée des Transports le 28 juillet 2017, est confirmée [1].

La France finance un quart des 26 milliards d’euros que devrait coûter le Lyon-Turin, selon les estimations de la Cour des comptes. Un budget hors-norme, principal argument des opposants à la ligne, et difficile à défendre en période de disette budgétaire. La ministre des Transports avait déclaré cet été qu’un nouvel examen des dépenses liées au Lyon-Turin aurait lieu, afin d’avoir « des ressources cohérentes avec les promesses (...) faites » [2].

Acté depuis les accords franco-italiens de 2001, où en est donc ce chantier titanesque ? Liens étroits entre promoteurs et politiques, tunnel transfrontalier de 57 kilomètres - qui deviendrait le plus long d’Europe – mais aussi sabotages en Val de Suse et luttes d’influence : le webdocumentaire Lyon-Turin, le rail ou rien, réalisé par les étudiants de l’École de Journalisme de Grenoble, vous emmène sur les voies d’un chantier qui divise !

Cliquez sur l’image ci-dessus afin d’accéder au webdocumentaire.

Ce webdocumentaire va à la rencontre des décideurs comme des opposants. Il débute à Lyon, point de départ français de la future ligne à grande vitesse, mais aussi berceau du lobbying hexagonal en faveur de cette infrastructure controversée. Ici, industriels et élus se réunissent pour clamer que le Lyon-Turin, loin d’être un gouffre financier daté et inutile, répond pleinement aux enjeux écologiques et économiques du transport de marchandises dans la région.

Les étudiants de l’École de Journalisme de Grenoble ont également rencontré des habitants du village de Chapareillan en Isère, l’un des foyers français de contestation au Lyon-Turin. La future ligne à grande vitesse devrait passer à côté de cette petite commune de 3000 habitants. Depuis quatre ans, un collectif milite pour demander l’enterrement du projet.

Face à ce grand projet, les habitants du Val de Suse, en Italie, ont fait preuve dès 1990 d’une grande solidarité, et de formes de mobilisations impressionnantes. Les auteurs du webdoc ont suivi Doriana Tassotti et Mario Fontana, couple d’opposants historiques, sur le chantier du tunnel de Bussoleno.

Du côté de Turin, la municipalité de la capitale du Piémont (Mouvement 5 étoiles) rejette aussi cet ouvrage, notamment pour des raisons financières, sociales et écologiques, comme en témoigne cette vidéo.

 L’intégralité du webdocumentaire « Lyon-Turin, le rail ou rien » est à retrouver sur racontr.com/projects/lyon-turin-le-rail-ou-rien/

Photo de une : chantier côté italien - © Antonin Padovani