Les manifestations massives de ces dernières semaines, en opposition à la réforme des retraites imposée par le gouvernement, ont subi une répression importante avec de nombreux actes de violence policière. Comme lors des précédents conflits sociaux, cette aggravation de la répression sur les manifestant es a été rendue possible par la multiplication et la massification des outils répressifs.
Les animaux sont vus et utilisés comme des outils pour le maintien de l’ordre. Cela concerne des centaines de chiens des brigades cynophiles et de chevaux de la police montée, utilisés pour étouffer les manifestations spontanées et les blocages d’entreprises. Leur principale fonction est de terroriser tous
tes celles et ceux qui se retrouvent à proximité ou au cœur des contestations : travailleur ses, manifestant es, mineur es, journalistes, élu es de la nation ; personne n’est épargné.Nous nous opposons fermement à l’idée que des animaux puissent être considérés comme des armes, qu’elles soient défensives ou offensives. Il est, de plus, parfaitement inconcevable de respecter le bien-être de ces individus dans des conditions de maintien de l’ordre alors que ces derniers se retrouvent au cœur de situations d’extrêmes tensions, contraints d’endurer l’agitation, le bruit, les explosions, les gaz lacrymogènes, etc. Ces animaux n’ont pas choisi de faire partie de ces conflits ou de faire ce métier.
Ils se retrouvent dans cette situation uniquement parce qu’ils ont été dressés dans le but d’être serviles et agressifs. Leur « formation » est réalisée de manière opaque et la réalité du dressage lors des formations civiles similaires ne nous incite guère à l’optimisme quant aux méthodes utilisées.
Nous condamnons fermement ces méthodes et pratiques consistant à casser des animaux pour décupler leur agressivité tout en s’assurant de leur docilité devant leur maître. Nous regrettons par ailleurs qu’il n’y ait à ce jour aucune transparence sur le nombre d’animaux concernés ni même sur les méthodes de dressage pratiquées.
Ces pratiques ne sont pas nouvelles. Les animaux ont toujours été utilisés pour des missions difficiles, douloureuses ou même périlleuses, au-delà de la seule répression policière. On compte par exemple 14 millions d’animaux envoyés au front durant la Première Guerre mondiale et près de 30 millions d’animaux tués durant la Seconde Guerre mondiale.
Les manifestant
es qui, face à la police montée le 28 mars dernier à Aubervilliers, scandaient « Libérez les chevaux ! » ont tout compris de cette situation injuste et de la solidarité dont nous devons leur faire preuve. L’objectif même de casser des individus pour décupler leur agressivité tout en s’assurant de leur docilité devant leur maître étant immoral.Nous tenons par cette tribune à dénoncer l’instrumentalisation du vivant à des fins belliqueuses et brutales, nous nous opposons fermement à l’utilisation des animaux pour réprimer les mouvements sociaux et demandons l’interdiction de ces pratiques. Nous appelons également le Sénat à rapidement mettre à l’ordre du jour et voter la proposition de loi visant à interdire les colliers électriques et étrangleurs, déjà votée à l’Assemblée nationale en janvier 2023.
Signataires : Les pôles « condition animale » de La France Insoumise, d’Europe Écologie Les Verts, du Nouveau Parti Anticapitaliste et la Révolution Écologique pour le Vivant.
Photo : A Paris, le 1er mai 2019/CC BY 2.0 Jeanne Menjoulet via flickr.