Antifascisme

Trois personnes en prison pour une manifestation sans violences contre l’extrême droite

Antifascisme

par Rédaction

200 personnes ont manifesté contre l’ouverture d’un local du parti d’Éric Zemmour, Reconquête, à Marseille. Personne ne fait état de violences. Pourtant, trois manifestants ont été placés en détention provisoire plusieurs jours.

Le mouvement d’Éric Zemmour, Reconquête, a inauguré sa première permanence à Marseille, sur l’avenue du Prado, ce 2 février. Une manifestation pour protester contre ce nouveau local d’extrême droite réunit alors environ 200 personnes. Organisée par des syndicats (FSU, Sud éducation, Solidaires), des associations comme SOS Racisme, et des organisations politiques (France insoumise, NPA) et des collectifs antifascistes, la manifestation n’est pas autorisée.

Trois jeunes manifestants sont rapidement arrêtés, placés en garde à vue puis en détention provisoire et transférés à la prison des Baumettes. Les deux jeunes hommes de 19 et 23 ans et une jeune femme d’une trentaine d’années devaient rester en prison jusqu’au 27 février, date prévue du jugement. Ils et elle ont finalement été libérées ce 8 février, dans l’attente de leur jugement.

« Quand nous sommes arrivés, les camions de CRS étaient déjà là, les motards de la police aussi, rapporte une participante à la manifestation non autorisée. Les forces de l’ordre ont chargé rapidement. Les interpellations ont eu lieu dès la première charge. Et la police a continué à charger du Prado jusqu’au cours Julien, sur trois kilomètres. »

« Quelques centaines de personnes avaient répondu à l’appel dans une ambiance combative, mais loin d’être offensive ou émeutière, plaide aussi un groupe de soutien aux trois personnes détenues. Ce rassemblement ne fut pas néanmoins du goût de la préfecture. Les forces de l’ordre, massivement présentes, décidèrent de charger sans réel motif le groupe de manifestants à plusieurs reprises. »

Aucune trace de violences pendant la manifestation

L’avocat d’un des prévenus nous dit que son client a été placé en garde à vue pour rébellion et violence envers une personne dépositaire de l’autorité publique. Mais à la sortie de la garde à vue, son client s’est retrouvé également poursuivi pour participation à un attroupement dispersé après sommation et participation à une manifestation non déclarée.

« Ce sont des personnes avec des casiers judiciaires vierges, qui ont des profils socioprofessionnels stables. Il n’y a pas de difficulté à ce qu’elles se présentent à une convocation », dit l’avocat, Adrien Mawas. Donc, il n’y a pas de raison de les placer en détention provisoire. « Il n’y a rien dans le dossier de mon client qui appuie l’accusation d’avoir commis des violences pendant la manifestation », ajoute-t-il.

Les médias qui ont suivi la manifestation sur place ne font état d’aucune violence : ni Libération, ni France Bleu, et pas plus France 3. On ne trouve par ailleurs aucune allusion à de possibles violences des manifestants antifascistes sur les comptes rendus de l’ouverture de leur permanence par les personnalités de Reconquête présentes, Stéphane Ravier (sénateur des Bouches-du-Rhône), Stanislas Rigault (président de Génération Z) et Jean-Marc Grafféo (ancien candidat aux législatives).

« Cela fait six jours qu’ils sont emprisonnés. Mon frère travaille auprès d’un enfant handicapé, dont il ne peut donc plus s’occuper depuis le 2 février, témoigne le frère de l’un des détenus juste avant leur libération. Soit c’est du zèle, soit c’est un coup politique, soit beaucoup d’inconsistance dans la détention préventive », ajoute-t-il. Peut-être les trois ensemble.

Suivi

Mise à jour du 10 février 2023 à 11 h : Nous avons ajouté le nom de l’avocat cité et remplacé le terme « détention préventive » par « détention provisoire ».