Ville durable

Un logement écolo, collectif et participatif en projet à Strasbourg

Ville durable

par Nolwenn Weiler

Créée en 2000 à Strasbourg, Eco quartier se bat pour un habitat collectif, écologique et participatif, qui colle aux besoins des habitants. Les futurs habitants sont à la fois architectes, urbanistes et investisseurs. Leur premier projet est en cours de construction.

Faire soi-même ce que l’on ne trouve pas dans le marché immobilier courant : c’est le mot d’ordre de l’association strasbourgeoise Eco quartier. C’est ainsi que les dix foyers impliqués dans Eco logis, le premier projet de l’association, un logement collectif 100 % écolo qui sortira de terre cette année, ont pu décider de leurs priorités d’aménagement. « Les éléments écologiques ont naturellement été intégrés aux exigences de conception et de construction, » explique Bruno Parasote, président de l’association.

Sur le terrain de 17, 42 ares qu’ils ont acheté, à deux pas d’une station de tramway et un quart d’heure de vélo du centre ville, Bruno Parasote et ses acolytes ont conçu un immeuble pas comme les autres. On y trouvera une ossature bois, une isolation extérieure avec 24 cm de ouate de cellulose, du triple vitrage, une toiture et une façade végétalisées, une chaudière collective à condensation et un ballon d’eau chaude collectif alimenté par 23 m² de panneaux solaires.

En finir avec l’étalement urbain

A la volonté de disposer d’un logement sain, qui pèse le moins possible sur l’environnement, s’ajoute la ferme intention de ne pas participer à la catastrophe écologique de l’étalement urbain, qui grignote espaces naturels et agricoles. « En Alsace, tout est construit, les villages se touchent entre eux, explique Claire. C’est une catastrophe ! » « Le gros problème de cet étalement de l’habitat, ajoute François, c’est un usage immodéré de la voiture. Quand les enfants grandissent, qu’ils ont 18 ans, qu’est ce qu’on fait ? On leur achète chacun leur voiture  » Sur un projet comme Ecologis, une voiture suffit à deux familles… Et plusieurs espaces collectifs ont été intégrés au bâtiment : une buanderie, une salle de réunion qui sera ouverte aux associations du quartier, une chambre d’amis, un local à vélo, un atelier de bricolage, des espaces extérieurs. Le tout pour 2650 euros le m2.

Une intervention publique nécessaire

Pour qu’un projet comme Ecologis voit le jour, il faut s’armer de patience et apprendre à faire des concessions. « Ce sont des projets innovants, il faut tout mettre en place, précise Bruno Parasote. Et longuement discuter entre les dix familles qui sont chacune maître d’ouvrage. « Nous nous voyons toutes les deux à trois semaines. Nous avons aussi, tous et toutes, investi de l’argent, sans être sûrs que cela aboutisse, puisque nous avons obtenu le terrain il y a peu. » Pour réduire cette part de risque personnel, et rendre l’habitat collectif écologique accessible au plus grand nombre, « il faudrait que les pouvoirs publics s’engagent réellement, ajoute Bruno Parasote. Ceci dit, il ne faut pas que l’institution publique ait la maîtrise exclusive ce genre de projets. Sinon, il manque la dimension citoyenne, celle qui permet une véritable diversité de la construction, et garantit une adéquation entre l’habitat et ses habitants. » En attendant que les politiques s’y mettent, les heureux élus d’Ecologis se sont mis au lobbying pour que d’autres expériences émergent. « On est plus libre aujourd’hui pour dire que ça marche, avance Bruno Parasote. On peut se porter garant sur d’autres projet. On s’est réparti sur différents groupes de travail, au sein d’Eco quartier. Chacun est responsable d’un groupe qui se lance jusqu’à ce qu’il roule tout seul. Pour le moment, trois projets sont en route. Et nous espérons toujours, bien sûr, obtenir un jour un véritable éco quartier de ce côté ci du Rhin. »

Nolwenn Weiler