Céréales business

Un projet de silo géant agite un village du nord de la Beauce

Céréales business

par Nolwenn Weiler

14 980 m3, soit l’équivalent de quatre piscines olympiques : c’est le volume d’un silo de stockage que la coopérative Interface céréales prévoit de faire construire à Bû, petit village de 1 800 habitants, situé au nord de la Beauce (en Eure-et-Loir). Problème : les habitants n’étaient pas au courant. Avertis tardivement – une réunion d’information a été organisée le 31 octobre soit deux mois après le début des travaux – les habitants de Bû et des communes alentours dénoncent un manque de transparence et de démocratie. Le permis de construire a été accordé à la fin du mois d’août, sans que le conseil municipal, à majorité UMP, n’en débatte. Alors qu’il s’agit d’un bâtiment de près de 2 000 m2 et 37 m de haut ! « Ces installations peuvent engendrer trois principaux types de dangers : le phénomène d’auto-échauffement, l’incendie et l’explosion », dénoncent par ailleurs des citoyens opposés à ce projet. Celui-ci serait pourtant situé à moins de 300 mètres des habitations.

Les opposants soulignent que le volume de stockage prévu est situé juste en deçà de 15 000 m3, contenance à partir de laquelle une enquête d’utilité publique est obligatoire. Ils soupçonnent un projet plus vaste que le simple stockage de la récolte locale des céréales de l’année. Conçu pour les chargements et déchargements rapides, le modèle de silo retenu pour le site de Bû pourrait présager d’une activité intense liée à l’import/export de céréales, avec pour conséquence des allées et venues incessantes de camions. Interfaces céréales a d’importantes activités en matière d’exportation. Avec le groupe coopératif de la région Centre Axéréal, Interfaces céréales vient de créer une nouvelle société spécialisée dans l’exportation de blé et d’orge fourragère.

Des activités de stockage d’engrais et de produits phytosanitaires sont également prévues. Tout cela pourrait « transformer le village en une gigantesque plate-forme industrielle », affirment les opposants. Qui ont déposé deux référés au tribunal administratif : l’un pour « excès de pouvoir » (de la municipalité - UMP - de Bû), l’autre pour demander la suspension des travaux. Ce second référé a été rejeté. Ce qui n’augure pas pour autant de la poursuite du chantier. La branche départementale de la fédération France nature environnement suit aussi de près le dossier. La présence d’une nappe phréatique a proximité du site de construction pourrait entraîner l’annulation de ce projet de silo controversé.