Faille sismique

Une centrale nucléaire abandonnée en Bulgarie

Faille sismique

par Ivan du Roy

La ville de Béléné, au nord de la Bulgarie, ne verra finalement pas s’ériger de centrale nucléaire. Après dix ans de controverses, le gouvernement vient d’annoncer le retrait du projet. Plusieurs raisons expliquent cet abandon. La centrale devait être construite à proximité d’une faille sismique, au grand dam des organisations écologistes et des populations locales. Le dernier tremblement de terre, d’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter, avait frappé la région du Danube en 1977, tuant plusieurs centaines de personnes. La catastrophe de Fukushima semble avoir rendu le gouvernement bulgare prudent…

D’autre part, le réacteur de conception soviétique est jugé peu sûr. Et très coûteux : estimée initialement à 6 milliards d’euros, la facture est montée à 10 milliards. Enfin, du fait des mobilisations contre la centrale et de l’incertitude économique, plusieurs gros financeurs, dont BNP-Paribas et GDF-Suez, s’étaient retirés du projet. « Les banques françaises doivent tirer la leçon de l’abandon de Béléné en cessant de financer l’industrie nucléaire pour investir massivement dans la sobriété énergétique et les énergies renouvelables. Nous exigeons qu’elles se retirent immédiatement des projets nucléaires les plus controversés, à commencer par ceux d’Angra 3 au Brésil et de Jaitapur en Inde. Comme pour Béléné, nous continuerons à les affronter jusqu’à avoir gain de cause », se réjouissent les Amis de la Terre dans un communiqué.

Tout n’est pas pour autant réglé. Le réacteur, presque entièrement payé, ira équiper la centrale bulgare de Kozloudouï, dont les deux vieux réacteurs doivent fermer d’ici à 2013. Kozloudouï est aussi située sur la faille sismique. Lors du séisme de 1977, elle avait été arrêtée manuellement. Quant à Béléné, ce sera finalement une centrale au gaz qui y sera édifiée.