Bretagne

Vers la convergence des luttes ?

Bretagne

par Nolwenn Weiler

65 000 personnes à Nantes, 30 000 à Rennes, 20 000 à Saint-Brieuc, 18 000 à Lorient, 14 000 à Brest.... L’Ouest, comme le reste de la France, s’est mobilisé massivement pour la manifestation unitaire du 19 mars. Enseignants, étudiants et parents d’élèves commencent à réfléchir à des mobilisations communes. Frappés par le chômage partiel, les salariés de Peugeot envisagent cependant difficilement une grève de longue durée.

La foule rennaise, joyeuse et bigarrée, comprenait des révoltés en tout genre : retraités, étudiants, salariés du public et du privé, partis politique. L’inévitable drapeau breton flottait çà et là au son de quelques accordéons et de nombreux slogans. Perdus au milieu des banderoles syndicales, quelques panneaux invitaient à suivre le chemin de la convergences de luttes tracé par les Guadeloupéens.

Cette convergence ne s’est pas encore réalisée mais « elle est envisageable », estime Alain, syndiqué à la CGT et salarié chez Barre Thomas, sous-traitant de Peugeot. « Plus nombreux, nous serons plus forts. Nous pourrions faire masse. Mais il faudrait que nous voyions concrètement ce que nous pouvons faire ensemble », poursuit-il. « Mais ce sera difficile, pour nous qui sommes déjà au chômage technique une semaine par mois, d’envisager une grève dure. »

« Pourquoi les parents devraient-ils confier leurs enfants à des enseignants mal formés ? »

Côté public, on ne se dit pas opposé non plus à des mouvements unitaires. « Je suis étonnée de voir autant de salariés du secteur privé », confie Agnès Schermann, enseignante-chercheur à Rennes I, opposée à la réforme de leur statut. « Il se pourrait qu’à l’issue de cette manifestation, des contacts soient établis. » Pour David Bourqui, également enseignant-chercheur, les convergences sont d’abord à établir entre les diverses branches de l’éducation. « Nous avons quelques contacts avec les étudiants, qui luttent contre la réforme des masters telle qu’elle est mise en œuvre. Nous prévoyons d’établir des contacts avec les enseignants du primaire et du secondaire, dont la formation va être réformée, elle aussi. » Dans la foulée, ils pourraient appeler les parents d’élèves à se mobiliser. Ceux-ci ont toute leur place dans une mobilisation unitaire, assure Anne, étudiante en troisième année de fac, et qui se destine à l’enseignement en collège et lycée. « Dans les projets de réforme de notre formation, nous allons avoir de moins en moins de mise en situation encadrée et suivie. Autrement dit, nous serons moins bons, et moins expérimentés. Est-ce que l’on confierait son corps à un chirurgien qui n’aurait fait que de l’observation et pas du tout de pratique ? Non. Alors pourquoi les parents devraient-ils confier leurs enfants à des enseignants mal formés ? », explique l’étudiante.

Si étudiants, enseignants du primaire et du secondaire, et parents d’élèves se mettent à lutter, manifester et bloquer les établissements scolaires ensemble, cela promet, déjà, de beaux jours de mobilisation. D’autant que, chez les enseignants chercheurs en tout cas, on est, unité ou pas, très déterminé. « Si rien ne bouge, avertit Agnès, nous bloquerons les jurys de recrutement des enseignants chercheurs, en avril et en mai. Tous les étudiants seront dans la rue. »