Occupation à Rennes

Vers un nouveau mouvement des sans-papiers ?

Occupation à Rennes

par Nolwenn Weiler

Deux cents migrants, dont de nombreux demandeurs d’asile et une soixantaine d’enfants – originaires de Mongolie, de Côte d’Ivoire, d’Afghanistan, d’Arménie et de Géorgie – occupent depuis le 8 mai une ancienne maison de retraite à Pacé, au nord-ouest de Rennes. La réquisition a été organisée par l’association Droit au logement (DAL) au soir de la victoire de François Hollande, le 6 mai. Histoire de signaler au Parti socialiste, dont font partie de nombreux élus locaux, plutôt timides sur le sujet, que les associations les attendent au tournant.

« Les expulsions policières des réquisitions se suivent et se ressemblent. Les élus se taisent ou disent ne pas savoir. Ils n’ont pas d’avis sur la question, aucune interrogation sur le devenir des résidents, aucune condamnation à exprimer autre que celle des occupations menées par le DAL en Ille-et-Vilaine, aucune envie de venir sur place, de constater les dégâts, de rencontrer les familles, de s’informer, de proposer leur aide, de s’engager pour le respect de l’application de la loi », déplore Yannick Cottin, un militant local du DAL.

Un rapport publié jeudi 24 mai par Amnesty International, souligne que la situation des migrants en France n’est pas pas conforme à la Convention européenne des droits de l’homme. En cause : près des deux tiers des demandeurs d’asile n’ont pas accès aux centres d’accueil qui leur sont pourtant destinés, se retrouvant ainsi à la rue ; ils n’ont pas le droit de travailler pendant l’examen de leur demande en première instance ; et, dans la majorité des cas, l’autorisation de travail à laquelle ils peuvent normalement prétendre durant la procédure d’appel leur est refusée.

Amalgame sarkozyste

Opposé aux régularisations massives, François Hollande s’est engagé à améliorer les conditions d’accueil des demandeurs d’asile, en accélérant la durée de l’examen de leurs dossiers pour la ramener de 24 (!) à 6 mois.
Mais comment le gouvernement réagira-t-il si un nouveau mouvement de sans-papiers émerge, comme ce fut le cas lors de l’occupation de l’église Saint-Bernard à Paris en 1997, ou plus récemment avec le mouvement des travailleurs sans papiers ? « Les migrants qui sont en situation irrégulière n’ont pas vocation à rester sur le sol français. Je pense que la gauche doit être très claire sur cette question », avait affirmé Manuel Valls au moment où son prédécesseur Claude Guéant expulsait des jeunes Tunisiens, venus en France à la suite de la révolution qui a secoué leur pays l’année dernière.

C’est à Nicolas Sarkozy que l’on doit l’amalgame entre sécurité intérieure et immigration. Avant 2007, la politique de l’immigration relevait de plusieurs ministères : Affaires étrangères, Emploi et Affaires sociales, et Intérieur. En décidant de maintenir l’immigration au sein du ministère de l’Intérieur, le nouveau gouvernement ne rompt pas, pour l’instant, avec le sarkozysme sur ce sujet.