Extractivisme

Victoire de villageois chiliens face à un consortium minier

Extractivisme

par Sophie Chapelle

C’est un premier revers pour la famille Luksic, 27e fortune mondiale selon la revue Forbes en 2011. Propriétaire du consortium minier Antofagasta Minerals, ces milliardaires chiliens poursuivaient en justice des villageois pour s’être opposés à la dévastation environnementale générée par un immense réservoir de déchets miniers. Une méga-décharge de 2 700 millions de tonnes de déchets, produits par la mine de cuivre de Los Pelambres au Chili, qui risque d’ensevelir une vallée et pollue allègrement les réseaux d’eau potable (lire ce témoignage).

Le consortium minier Antofagasta accusait le comité de défense du village des Caimanes et ses quatre avocats « d’association illicite, désordre public et prévarication », suite à la mise en place d’actions juridiques contre le fonctionnement du bassin minier. Le 21 décembre 2012, après 40 jours d’audience, le tribunal oral de Ovalle (situé à 200 km au nord de Santiago) a résolu à l’unanimité d’acquitter le dirigeant du Comité de Caimanes et les quatre avocats défendant la communauté. Il a reconnu que l’on ne pouvait pas qualifier de « fausses » les dénonciations de contamination environnementales.

Cet acquittement marque la reconnaissance des droits des communautés à se défendre. Cependant, « aucune solution n’a été apportée au problème de contamination de l’eau qui continue d’être nié par les autorités sanitaires. Hormis ceux qui ont les moyens d’acheter l’eau, les habitants continuent de consommer une eau dont la présence de mercure-nickel-manganèses a été attestée mettant en danger la population », souligne Elif Karakartal du Comité de défense de Caimanes. Les avocats se disent déterminés à poursuivre leur action. Pour que le droit de vivre dans un environnement sûr et sain, le droit à l’eau et le droit à s’exprimer et à dénoncer les crimes environnementaux soient enfin reconnus.