Les salariés chargés de nettoyer les gares SNCF du nord de l’Ile-de-France avaient cessé le travail début novembre pour faire pression sur leur nouvel employeur : la société H. Reinier, filiale du groupe Onet, qui a remporté l’appel d’offres de la SNCF pour le nettoyage des gares concernées. Auparavant, les agents travaillaient pour la société SMP dont les contrats ont été transférés au nouveau prestataire le 1er novembre (voir ici). Pendant plus d’un mois, H. Reinier n’a rien voulu entendre. Quant à la SNCF, elle a envoyé des intérimaires nettoyer les gares et a décidé d’attaquer des agents de nettoyage grévistes pour occupation illégale de locaux.
Le tribunal administratif de Montreuil a débouté le Groupe SNCF et l’a condamné à payer 500 € à chaque gréviste. Quelques jours plus tard, les grévistes ont obtenu de leur direction le passage de tous les salariés à la convention collective « manutention ferroviaire » – plus avantageuse que la convention du nettoyage –, l’annulation de la clause mobilité, le maintien des effectifs, l’augmentation du panier-repas à 4 euros, l’intégration en CDI d’un travailleur qui avait des problèmes de papiers – ce qui lui a permis d’obtenir son titre de séjour –, la prolongation des mandats des délégués jusqu’aux prochaines élections et une prime de remise en état des gares d’un montant équivalent à deux semaines de salaire. Par ailleurs, l’entreprise va payer deux semaines de salaire pour le mois de novembre. Les salariés ont également obtenu l’annulation de toutes les sanctions disciplinaires à l’encontre des grévistes.
Comment les grévistes ont-ils pu tenir si longtemps – 45 jours sans salaire – et faire plier la direction ? Grâce à la caisse de grève, dont le succès a été déterminant. Plusieurs milliers d’euros ont été récoltés, permettant aux travailleurs, tous payés au Smic, parfois à temps partiel, de subvenir aux besoins de leurs familles. Diverses organisations syndicales et politiques ont contribué, ainsi que des milliers de particuliers. L’élan de solidarité suscité par cette lutte s’est aussi manifesté par une tribune publiée dans le quotidien Libération, et signée de personnalités civiles et politiques. C’est « une énorme victoire pour tous les précaires et pour tous les travailleurs !, estime le syndicat Sud Rail dans un communiqué. Une leçon de lutte et de détermination !! Bravo à eux, et à tous les soutiens ! Bravo à toutes les personnes qui se sont investies et qui ont participé d’une manière ou d’une autre à cette lutte, une vraie école pour nous tous pour les mois et les années à venir ! »
Photo : CC Nicolas Vigier