Intimidations

Villiers-le-Bel : police républicaine ou police politique ?

Intimidations

par Olivier Marcolin

Deux ans et demi après la mort des deux adolescents renversés par une voiture de police à Villiers-le-Bel (Val d’Oise) et les affrontements qui ont opposé les habitants de la cité aux forces de l’ordre, quatre jeunes comparaîtront le 21 juin devant la Cour d’Assises du Val d’Oise. Ils sont soupçonnés d’avoir tiré sur des policiers, et sont jugés pour « tentative d’homicide volontaire sur agents de la force publique ». Le collectif « Respect, vérité, justice de Villiers-le-Bel » organise une série de concerts à travers la France pour soutenir ces quatre jeunes, qui sont en détention provisoire, et demeurent - rappelons-le - présumés innocents.

Tout le monde ne partage pas cet élan de solidarité. Le 11 mai, le syndicat Unité police (issu d’une scission de l’Unsa Police) et le Syndicat général de la police (SGP), tout deux affiliés à FO (premier syndicat chez les « gardiens de la paix »), annoncent leur indignation à l’encontre de ces manifestations culturelles de soutien. Le syndicat en appelle à son ministre, Brice Hortefeux, pour qu’il vienne sonner le coup d’arrêt de cet élan de solidarité, qualifié « d’incitation à la révolte face à la police, face au pouvoir ». Dernière tentative d’intimidation des syndicats de police : dans le quotidien Paris-Normandie du 15 mai, Olivier Marin, secrétaire départemental adjoint d’Unité SGP-police, dénonce le caractère provocateur du concert de soutien organisé à Rouen le 19 mai. Dans une lettre au préfet de Seine-Maritime, le syndicat menace d’organiser une manifestation aux abords et contre le concert. Celui-ci s’est finalement déroulé sans heurt et a accueilli 150 spectateurs.

Selon le collectif « Respect Vérité Justice de Villiers-le-Bel », on se trouve dans une situation où « un simple syndicat de forces de l’ordre s’essaie à jouer la police politique ». Soutenir des personnes inculpées n’est ni un crime ni un délit. Les actions menées par le syndicat de police portent atteinte à la présomption d’innocence. Encore plus surprenant : « L’autorité du préfet, dans son rôle de garant de l’ordre se trouve mis à l’épreuve par ses propres forces de l’ordre. » Du côté des syndicats, entre le SGP FO et Alliance (très à droite), c’est à qui sera le plus ultra corporatiste.