Retour à la case départ pour Vincenzo Vecchi ? Alors que la cour d’appel d’Angers a, le 4 novembre, estimé irréguliers les deux mandats d’arrêts européens ayant abouti à son arrestation en août 2019, le procureur a annoncé qu’il se pourvoyait en cassation. Le ministère de la Justice décide donc, pour la deuxième fois, d’aller contre les décisions des magistrats qui refusent d’extrader Vincenzo Vecchi vers l’Italie. Il risque 12 ans de prison pour sa participation aux manifestations de Gênes en 2001.
Acharnement judiciaire ?
Le très dynamique comité de soutien de Vincenzo Vecchi dénonce un « délirant acharnement judiciaire qui nous semble relever plus de choix politiques que de cohérence juridique ». C’est aussi l’avis des 92 personnalités signataires d’une récente pétition expliquant que « les juges français ne souhaitent pas que le mandat d’arrêt européen serve à faire purger une peine injuste à un simple manifestant. Il est de l’honneur de la justice française de savoir en rester là ». Parmi ces signataires, deux anciennes ministres de la Justice, Christiane Taubira et Marylise Lebranchu.
« Nous voici donc repartis pour un énième épisode de cet éreintant et grotesque feuilleton judiciaire dont l’issue ne sera sans doute pas connue avant plusieurs mois, se désolent les membres du comité de soutien, qui auraient aimé que leur ami Vincenzo entrevoit le bout du tunnel ». Ils sont d’autant plus amers qu’ils ont appris il y a peu la promotion, le 28 octobre dernier, de deux policiers italiens ayant organisé les falsifications à l’origine de la sévère répression de l’école Diaz à Gênes, en 2001.
« L’un d’eux a introduit des cocktails molotov dans l’école, l’autre a prétendu les y avoir trouvés, explique Jean-Baptiste Ferraglio, membre du comité de soutien de Vincenzo. Leur rôle n’est donc pas anecdotique. » Et leur promotion est réellement inquiétante. « À l’approche du vingtième anniversaire des événements très graves survenus à Gênes, ces promotions sonnent comme une insulte aux centaines de personnes qui ont été arrêtées, détenues arbitrairement et torturées lors de cette page noire de l’histoire italienne », a déclaré Gianni Rufini, directeur général d’Amnesty International Italie.
Nolwenn Weiler
Retour sur le G8 de Gênes, il y a dix ans from Bastamag on Vimeo.
Vidéo réalisée par Basta! en 2011 lors de la commémoration des dix ans des manifestations de Gênes
– « Ils voulaient extrader Vincenzo tout de suite, en silence. Nous avons perturbé ce calendrier », le 27 septembre 2019
– Vincenzo Vecchi, condamné à de la prison en Italie pour avoir manifesté, et menacé d’extradition, est libre, 15 novembre 2019
– Un militant italien risque 12 ans de prison à cause d’une loi promulguée par Mussolini, 29 septembre 2020
– Victoire pour Vincenzo Vecchi, menacé de 12 ans de prison pour avoir manifesté, le 5 novembre 2020