De nombreux collectifs et associations appellent à faire barrage au Rassemblement national aux élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. Ils dénoncent notamment l’impact qu’aurait l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite sur les droits humains, les services publics, les minorités.
La santé en danger
Les organisations participant au Tour de France pour la Santé pour l’accès aux soins pour toutes et tous partout appellent « toutes les forces progressistes à se rassembler pour faire barrage au Rassemblement National » lors des élections législatives des 30 juin et 7 juillet. Font partie de ce collectif entres autres la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité, le Syndicat de médecine générale, l’Association des médecins urgentistes de France… Le programme RN prétend certes vouloir un vaste plan de soutien pour la santé. Mais, alerte le collectif, « l’extrême droite, c’est le rejet de l’autre, la haine de l’étranger, la remise en question des droits des femme, mais aussi une politique attaquant les services publics et la protection sociale ».
Depuis des années, la Coordination des Comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité demande davantage de moyens alloués à l’hôpital public, des embauches et une revalorisation des salaires des soignants, l’ouverture de centres de santé de proximité pour lutter contre les déserts médicaux, le maintien et la réouverture de centres d’IVG et des maternités de proximité, ainsi qu’une Sécurité sociale solidaire et universelle, prenant en charge l’intégralité des frais de santé. « Ces propositions ne sont ni celles de la Macronie, ni celle de l’extrême droite, dont la xénophobie et le projet de supprimer l’Aide médicale d’Etat sont contraires à la nécessité de l’accès aux soins de toutes et tous, souligne la Coordination.
« Nous alertons les citoyens français à réfléchir aux conséquences sur l’accueil, les soins psychiques et la santé mentale d’un vote qui risque de confier aux mouvements d’extrême droite le gouvernement et les destinées de notre pays », alarme également un collectif de professionnels de la psychiatrie dans une tribune publiée mardi 18 juin dans Libération. Ces derniers appellent à voter pour le Nouveau Front populaire, seul susceptible de répondre à la destruction du service public de la psychiatrie.
Mobilisation pour les droits humains
Le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), dit « soutenir toute candidature allant dans le sens de ses valeurs » : la liberté, la solidarité, la fraternité, la dignité et l’universalité. « Pour être durable, le développement de notre société doit être économique et équitable, social et vivable », insiste l’association. Elle plaide pour une juste répartition des richesses au travers d’une fiscalité solidaire.
« Le MNCP s’inscrit contre toute forme d’exclusion et de discrimination, écrit aussi le MNCP dans un déclaration du 20 juin. De ce fait, nous reconnaissons inconditionnellement l’égalité pleine et entière entre tous les individus, quelque soit le sexe, le genre, l’origine... Nous combattrons donc, aujourd’hui, demain, toute idéologie allant à l’encontre de l’altérité et de l’universalité de la condition humaine », poursuit le mouvement qui appelle : « Le 30 juin et 7 juillet, toutes et tous aux urnes, en solidarité avec celles et ceux qui ne le peuvent pas ! Portons la voix des sans voix et des sans droits ! »
APF France handicap, l’une des plus grosses associations française, a aussi publié pour les législatives un « appel à mobilisation pour des valeurs non négociables : solidarité - non-discrimination - égalité ». « Nous invitons celles et ceux qui le souhaitent à participer à toutes les initiatives citoyennes et les rassemblements interassociatifs qui auront lieu dans les prochains jours pour défendre et porter un modèle de société inclusive et solidaire, fondée sur les droits humains », écrit APF France handicap.
L’association a déjà rejoint plusieurs appels à la mobilisation et au rassemblement, à l’initiative notamment la Ligue des droits de l’Homme, d’ESS France (qui regroupe les acteurs de l’économie sociale et solidaire) ou encore du collectif Handicaps.
Sortant exceptionnellement de sa réserve, le bureau de la Commission nationale consultative des droits humains (CNCDH) appelle également à faire barrage aux candidats de l’extrême droite lors des deux tours des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024. Institution nationale indépendante depuis 1947, la CNCDH a reçu de l’État la mission de veiller au respect des droits humains dans notre pays. « Ces principes sont parfois malmenés par tel ou tel responsable politique, leur champ d’application parfois remis en question par tel ou tel élu, mais ils constituent des points de repères fondamentaux pour penser et construire un avenir commun. Le programme des extrêmes droites, singulièrement celui du RN, s’oppose lui, de façon frontale, directe, à ces mêmes principes d’égalité, de fraternité et de liberté. Pour toutes ces raisons, et dans le cadre de sa mission légale, le bureau de la CNCDH appelle solennellement les électrices et les électeurs à voter les 30 juin et 7 juillet et à mesurer la gravité exceptionnelle de leur choix au regard du respect impérieux en France des droits fondamentaux », écrit l’organisme.
En ce mois des fierté, une tribune intitulée « LGBTI, soyons fier.e.s de de faire Front Populaire », initiée par le collectif Les Inverti e s, a été publiée le 17 juin dans le journal l’Humanité. Elle a été signée par 400 organisations, personnalités et militants de la cause LGBTIQ+. « Ce mois des des fiertés sera aussi celui de la lutte contre l’extrême droite et nos marches des fiertés seront également celles de l’antifascisme. Face à l’extrême droite, arrêtons d’être des cibles et passons à l’offensive », réagissent ces dernier es.
Artistes contre l’extrême droite
Le monde du spectacle vivant fait aussi part de son émoi. Quinze syndicats ont ainsi signé une déclaration commune, jeudi 13 juin, appelant à manifester et « à se mobiliser en faveur des candidats qui s’opposeront à l’extrême droite » en vue des législatives anticipées. « Nos organisations appellent toutes les forces politiques opposées au message de l’extrême droite à tout mettre en œuvre dans les jours qui viennent pour faire obstacle au Rassemblement National et ses alliés » indique le Syndicat des musiques actuelles.
Certains festivals, comme le Name festival de Roubaix ou le festival Art Rock de Saint-Brieuc, ont suivi le mouvement et se sont également positionnés contre le RN. La fédération De concert !, dont les Eurockéennes et Les Vieilles Charrues sont membres, a signé un texte commun en ce sens. Et à l’occasion de la Fête de la Musique, vendredi 21 juin, plus de 500 artistes signaient une tribune publiée dans les Inrockuptibles pour « dire non à l’extrême droite ». Parmi les signataires : Clara Luciani, November Ultra, Eddy de Pretto, ou encore Shaka Ponk.
Suite à des échanges lors de réunions inter-organisations, l’association VoxPublic a créé une plateforme collaborative rassemblant toutes les ressources produites par ces organisations (des argumentaires, des guides pratiques, des vidéos ou encore des supports pour réseaux sociaux) Pour permettre à chacun et chacune de prendre part à la campagne des législative et d’engager le dialogue avec d’autres personnes. L’objectif : faciliter leur diffusion, le plus largement possible, auprès de militant es et de personnes souhaitant s’engager.
Daphné Brionne
Photo : Manifestation le 15 juin 2024 à Paris/CC BY 2.0 Jeanne Menjoulet via flickr.