
« En restreignant l’accès à des documents d’identité fédéraux exacts, en menaçant de retenir le financement fédéral des hôpitaux pour des soins d’affirmation de genre, et en effaçant l’histoire des personnes trans sur les sites web fédéraux et dans les écoles, liste le média The 19th, la Maison blanche de Trump utilise le gouvernement fédéral comme un outil pour rendre plus difficile pour les Américain es trans de vivre ouvertement – et en toute sécurité – sans craindre le harcèlement et la discrimination. »
Le site états-unien spécialisé sur les questions de genre rappelle que, dans le pays, « cette volonté d’effacer l’identité transgenre n’est pas nouvelle ». Mais, depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, les attaques se multiplient et touchent aussi bien les écoliers et écolières, les militaires, les chercheurs et chercheuses, que les personnes emprisonnées.
« J’ai très peur »
Derrière les atteintes aux droits des personnes trans et non binaires, vulnérables et isolées, se cachent des enjeux bien plus larges. « Nos valeurs reposent sur le droit de toutes et tous à disposer de son corps. Il faut comprendre que le combat pour l’avortement pour toutes et tous est lié à celui pour les soins d’affirmation de genre. Tout comme la lutte pour une santé accessible et générale pour toutes et tous », explique, dans une interview pour Mother Jones, la journaliste et militante Raquel Willis.
Ce combat n’est pas qu’idéologique, ce n’est pas une question de principes, mais de vie ou de mort : « Ce qui me préoccupe toujours, c’est la sûreté et la sécurité – en particulier dans la communauté queer et trans – et la manière dont nous pouvons garder les gens en vie. Je ne sais pas si nous le disons assez souvent en ces termes. »
Ces mots résonnent avec les craintes de Katherine, une jeune femme trans de 17 ans, partagées par The Guardian. « J’ai très peur. Je pense que des personnes vont mourir », a-t-elle confié à sa mère, à la suite des dernières actions de Trump visant les jeunes trans. Le 28 janvier, rappelle le journal britannique, Donald Trump a signé un décret interdisant l’accès aux soins d’affirmation de genre aux moins de 19 ans. Or, ces soins sont un facteur très important de la santé mentale et de la qualité de vie des personnes trans et non-binaires, victimes de discriminations, souligne le média.
Une étude a démontré que, parmi ces personnes qui recevaient un traitement adapté, « 60 % des participants ont signalé des taux de dépression moins élevés et que 73 % d’entre eux avaient moins d’idées suicidaires et d’automutilation après avoir reçu des hormones d’affirmation de genre et des bloqueurs de puberté ». Quelques initiatives locales sont mises en place, précise The Intercept. « S’appuyant sur les leçons tirées de la défense de l’avortement, certains acteurs s’efforcent de prendre de soin leurs patient es transgenres en dépit des attaques juridiques dont ils et elles font l’objet », raconte le média américain.
Un combat mondial
Les personnes trans et non-binaires aussi part d’autres minorités, notamment non-blanches et immigrées, sont encore plus vulnérables. Dans un contexte d’assaut généralisé contre l’immigration, tant aux frontières que dans le cadre d’expulsion de masse de résidents sur le sol américain, ces personnes qui, en majorité, « fuient la violence et recherchent une protection internationale », sont mises en grand danger.
Au Mexique, activistes et organisations se mobilisent pour recueillir ces personnes et, dans ce contexte, « se concentrent sur la mise en place d’un soutien plus complet et à plus long terme pour les migrants LGBTQI+, qui pourraient rester au Mexique plus longtemps que prévu », raconte Truthout.
Malgré l’ampleur de ces attaques, il ne faut pas oublier que les atteintes aux vies trans n’ont pas lieu qu’aux États-Unis. Ce mois-ci, la junte militaire birmane au pouvoir, sous prétexte de « protection » de la jeunesse, a ajouté quatre livres à la liste des ouvrages LGBTQI+ bannis des salles de classe du pays, raconte le média national DVB, rappelant que cette censure touche aussi des médias et des maisons d’édition.
Le 18 mars, le Parlement hongrois a voté pour interdire les Marches des fiertés, une étape supplémentaire dans la criminalisation des existences LGBTQI+ en Hongrie. Concernant l’effacement des vies et des récits des minorités de genre, « en France, on n’en est peut-être pas encore là, mais quelques signaux nous alertent à l’AJL, comme la suppression sans concertation du mot “transphobie” dans le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle », alerte l’Association des journalistes lesbiennes, gay, bidans sa dernière newsletter. Dans ce contexte d’atteintes internationales aux droits des personnes trans, non-binaires et plus largement LGBTQI+, les luttes, elles aussi, doivent être menées à toutes les échelles.
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