« La bio coûte moins cher à la société que l’agriculture industrielle »

par collectif

Une cinquantaine d’organisations, élus et personnalités du monde de la bio et du commerce équitable annoncent attaquer l’État en justice pour faire respecter le minimum de 20 % de produits bio dans les cantines prévu par la loi. Voici leur appel.

La seule agriculture nourricière qui peut faire face au dérèglement climatique, à l’effondrement de la biodiversité et à l’explosion des maladies a besoin de nous toutes et de nous tous.

Car l’État et l’Europe manquent à tous leurs devoirs envers leurs citoyen⸱nes et laissent les paysan⸱nes en agriculture biologique se noyer financièrement, tout en continuant à perfuser une agriculture industrielle, chimiquement intensive, qui a fait taire les oiseaux, qui a éradiqué les insectes, qui empoisonne l’eau potable, l’air, les sols et nous rend malades à petit feu.

Nous, paysan⸱nes, citoyen⸱nes, étudiant⸱es, représentant⸱es de la société civile, et élu⸱es, sommes réuni⸱es à Lorient, dans la continuité de l’appel de Poitiers et de l’appel de La Rochelle, pour lancer un cri : reprenons en main, collectivement, la souveraineté alimentaire de nos territoires, aujourd’hui laissée entre les griffes d’un système destructeur, pour en faire une politique agricole et alimentaire commune.

« Sortons la bio et le commerce équitable de la marginalisation »

Ne fermons plus les yeux. Sortons la bio et le commerce équitable de la marginalisation à laquelle veulent les cantonner l’État, les lobbies de l’agriculture industrielle et l’agro-alimentaire !

Ne laissons plus les millions de personnes en précarité alimentaire se contenter des miettes toxiques d’un système agro-alimentaire qui étrangle les producteur⸱rices : chaque personne, quels que soient ses moyens, doit accéder à une alimentation saine, durable et éthique.

Il importe de relocaliser les ressources et les pratiques avec des systèmes alimentaires territoriaux comme édicté par « Une seule santé », une démarche de prévention sanitaire par la préservation de l’environnement.

N’acceptons pas que la loi qui impose 20 % de bio dans la restauration collective ne soit pas respectée, mettant la santé de nos enfants et des générations futures en danger.

« La bio ne nécessite pas de dépollution »

L’agriculture biologique, paysanne, et le commerce équitable sont des réponses concrètes, déjà déployées sur tout le territoire et qui apportent des solutions durables et vertueuses aux crises actuelles. La bio nourrit mieux, elle nourrit plus. Elle crée plus d’emplois. Elle redonne du sens à de si beaux métiers.

À l’heure où pleuvent les restrictions budgétaires et les régressions législatives, nous l’affirmons : la bio coûte moins cher à la société que l’agriculture industrielle avec ses coûts cachés démesurés, car elle ne nécessite pas la dépollution des eaux, des terres, elle ne rend pas les populations malades, elle ne nous prive pas de la Nature qui nous rend tant de services écosystémiques et environnementaux… et nous procure tant de beauté.

Remettez la bio et le commerce équitable au cœur de l’agenda et de l’actualité, pour vous, pour la santé mais aussi pour vos électeur⸱rices présent⸱es et à venir. Tout le monde est concerné, mais vous, élu⸱es, avez le pouvoir. La bio est reconnue par la communauté scientifique, par l’Union Européenne et même par l’État comme porteuse de solutions globales. Rémunérer justement les producteur⸱rices est au cœur des principes du commerce équitable, tant envers les paysan⸱nes du Sud que ceux du Nord. La solidarité internationale ne s’oppose pas à la solidarité nationale ni à la solidarité locale. La coopération internationale doit l’emporter sur les politiques de repli sur soi et de concurrence déloyale généralisée.

Remettons de l’éthique dans nos achats, car un aliment ne peut être « bon » si sa production va à l’encontre des droits fondamentaux.

Parce que nos enfants et la planète que nous leur laisserons méritent le meilleur, nous, paysan⸱nes, associations, collectifs, élu⸱es, citoyen⸱nes et société civile, exhortons l’État et les collectivités locales à respecter immédiatement l’obligation de 20 % de produits issus de l’agriculture biologique en restauration collective, dans le cadre de la loi Egalim et de parvenir à 100 %. Nous avons l’intention d’attaquer l’État en justice, pour la santé de nos enfants, de nos écosystèmes et de notre système agricole.

Premier⸱es signataires :

Associations, collectifs et entreprises : Bio Consom’acteurs, Bio Équitable en France, Collectif les Pieds dans le Plat, SCIC Nourrir l’avenir, Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, Commerce Équitable France, Biocoop France, France Nature Environnement, Fédération Artisans du Monde, Générations Futures, Biocoop les 7 épis, Optim’ism, GAB56, Agir pour l’Environnement, FAIRe un monde équitable, Secrets Toxiques, Apro Bio Hauts de France, Au fil des Séounes, le Baranoux, IFOAM France, Stop Monsanto, Terre de liens, collectif 10 mai, Stop chlordécone, Bio Partenaire, l’UNAF, Pollinis
Elu.es : Benoit Biteau, Daniel Salmon, Damien Girard, David Cormand, Aurélie Trouvé, Claire Lejeune, Lisa Belluco, Boris Tavernier, Marie Pochon, François Dechy, Rozenn Metayer
Personnalités et responsables associatifs : Stéphanie Pageot, Marc Dufumier, Julien Kien, Isabelle Bretegnier, Claude Gruffat, Joël Labbé, Olivier Roellinger, Jacques Caplat, Philippe Pointereau, Lylian Le Goff, Nadine Lauverjat, Philippe Camburet, Estelle Dubreuil, Vincent Rousselet, Marie Monique Robin, Hugues Toussaint, Dominique Marion, Denis Lairon, Frédérique Jacquemart

L’appel peut encore être signé en se rendant sur ce lien.

Photo de une : CC BY 2.0 Nicolas Toper via flickr.

P.-S.

Voir le détail des mesures que les signataires de cet appel jugent nécessaires sur le plan politique, réglementaire, social et éducatif en cliquant ici