Combattre l’abstention, séduire l’électorat populaire, récupérer une partie de l’électorat du centre-gauche : telles sont les conditions pour que la nouvelle union populaire réussisse à faire élire plus de 250 député.es.
Combien de députés de gauche siègeront au sein de la nouvelle Assemblée nationale, à l’issue des élections législatives des 12 et 19 juin prochains ? Selon nos analyses, 123 circonscriptions sont très raisonnablement gagnables par la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), l’alliance qui regroupe les principales formations de gauche (LFI, EELV, PS, PC, Générations et Génération écologie). Ce sont les circonscriptions que nous avons classées « très probables » ou « probables ».
Elles sont majoritairement urbaines. Le potentiel électoral de la gauche y est supérieur à 35 %, ce qui la place théoriquement en tête des trois blocs (celui du centre et de la droite avec LREM rebaptisé Renaissance, LR et les partis centristes, celui de l’extrême droite avec le RN, Reconquête et Debout la France). La gauche est ainsi quasi certaine de doubler le nombre de ses élus par rapport à 2017.
Tout l’enjeu, au vu des ambitions de la Nupes, réside dans les 137 circonscriptions que nous avons classées « possibles ». La gauche y pèse potentiellement entre 30 % et 35 % de l’électorat. Elle y a ses chances à plusieurs conditions : qu’elle parvienne à garder mobilisés les électrices et les électeurs qui s’étaient portés, deux mois plus tôt, sur le vote « efficace » en faveur Jean-Luc Mélenchon ; qu’elle arrive à reconquérir une partie de l’électorat populaire, notamment hors des grandes agglomérations, réfugié dans l’abstention ou égaré par le vote Marine Le Pen ; qu’elle séduise une partie de l’électorat de centre-gauche plus âgé, qui à l’avantage de voter activement mais l’inconvénient d’être rassuré, sur certains sujets, par la politique macroniste. Cela fait beaucoup de « si » dans ces territoires où la gauche est au coude-à-coude avec les deux autres blocs (lire notre analyse sur les conditions d’une victoire réelle de la gauche).
En cas de vague lui permettant de remporter de nombreuses circonscriptions « possibles », la Nupes pourrait faire élire jusqu’à 260 députés. De quoi imposer une majorité relative au parti macroniste, obligé de s’appuyer sur les élus centristes et de droite (LR) pour gouverner. De quoi aussi assurer à ses quatre principales formations un groupe parlementaire (quinze députés.e.s minimum) - LFI compterait dans ce scénario environ 140 députés, EELV et ses alliés une quarantaine, le PS une trentaine (plus une poignée d’élus de Générations), et le PC une quinzaine.
L’hypothèse d’une majorité de 289 députés de gauche, qui obligerait Macron à choisir Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre, demeure fortement improbable. Il faudrait pour cela que les candidats de la Nupes sortent victorieux dans l’ensemble des circonscriptions probables et possibles, tout en conquérant une trentaine de circonscriptions « difficiles ». Au sein de celles-ci, si le potentiel de la gauche n’est pas négligeable, elle arrive souvent loin derrière le centre et la droite, voire en troisième position derrière l’extrême droite. Les remporter signifierait que l’actuelle majorité présidentielle s’effondre électoralement, sans que LR ni l’extrême droite en profitent. Un minuscule trou de souris.
Texte : Ivan du Roy
Traitement des données et visualisation : Amélie Canonne, Maeva Le Guennec
Infographie : Christophe Andrieu