Se loger

par Rachel Knaebel

« Comment prouver qu’ils nous délogent pour les JO ? Regarder les annonces Airbnb ? » se demande Zoé. Son propriétaire a donné congé à sa colocation, en région parisienne, à l’approche des Jeux. Nadja, elle, a dû quitter son appartement de Granville car, chaque été, son propriétaire préfère le mettre sur Airbnb. « Si je souhaitais rester, le loyer passait à 3600 euros mensuels au lieu de 850 euros. »

Sira, 43 ans, et son mari Diara, 54 ans, n’ont de leur côté plus du tout de toit. Le couple appelle tous les jours le 115 pour trouver un hébergement. « Mais ils ne nous répondent jamais », déplore l’homme qui travaille dans le BTP. Assane, quant à lui, est victime d’un marchand de sommeil. Le père de famille vit depuis des dizaines d’années avec ses quatre enfants dans un logement de 30 mètres carrés où « tout est pourri », mais qu’il paie 900 euros par mois, faute de pouvoir obtenir un logement social dans sa ville.

Chaque semaine, durant notre campagne de dons, une journaliste expose un axe éditorial majeur de Basta!

Nadja, Zoé, Sira, Assane, et bien d’autres, sont autant de victimes de la crise du logement à qui Basta! a donné la parole ces derniers mois. Cette crise dure, s’aggrave, et c’est une crise globale. Le logement, le mal-logement, le droit au logement, ce sont des sujets centraux pour nous.

Cette crise ne touche pas que Paris et sa région. Elle s’étend à la Bretagne, la Normandie, au Pays basque, à toutes les régions touristiques de France ainsi qu’aux villes moyennes.

Elle concerne des gens qui travaillent, des gens en CDI, mais pour qui les loyers sont inaccessibles, des jeunes, des familles qui se retrouvent contraintes de vivre dans des lieux insalubres, des squats, ou des personnes seules qui doivent retourner chez leurs parents à 50 ans passés, et même des propriétaires de leurs logements victimes de syndics sans scrupule. Cette crise met des gens directement à la rue, même des enfants, comme Ahmad, neuf ans, écolier sans abri dont nous racontions le quotidien au moment de la rentrée.

Nous parlons aussi de celles et ceux qui tentent de trouver des solutions. Comme à Grigny, où la ville agit pour endiguer le phénomène des marchands de sommeil. Il y a quelques semaines, nous parcourrions la Normandie et la Bretagne pour récolter les idées des élus, de gauche comme de droite, qui tentent de contrer Airbnb et de réguler les locations touristiques.

Depuis des années, nous mettons en lumière les expérimentations d’encadrement des loyers, celles de coopératives de logement, modèles alternatifs à la propriété, et d’habitat léger, par exemple de paysans en mobil-home qui bataillent pour avoir le droit de vivre autrement.

Basta! suit depuis toujours les luttes pour le droit au logement, de Paris à la Bretagne, des Alpes à Biarritz.

Car un toit, c’est un droit. Un média indépendant comme le nôtre se doit de continuer coûte que coûte à informer sur le sujet.

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