Documentaires

Festival Alimenterre : « Se retrouver dans un village ou un quartier pour échanger, ça crée du lien »

Documentaires

par Nils Hollenstein

Organisé par le Comité français pour la solidarité internationale, le festival Alimenterre propose jusqu’à fin novembre des projections de documentaires, ateliers et débats, à travers toute la France, autour de l’alimentation durable et solidaire.

Le festival Alimenterre a vu le jour en 2007 dans un cinéma parisien. Depuis, il est devenu un évènement national et international sur l’alimentation durable et solidaire. Chaque année du 15 octobre au 30 novembre, il présente une sélection de films documentaires et amène ainsi des citoyens à s’informer et comprendre les enjeux agricoles et alimentaires en France et dans le monde.

Ici, le cinéma est pensé comme un outil d’information et de mobilisation. « J’ai beaucoup milité au niveau local. Quand on avait des soirées d’information à organiser, on ramait parfois un peu », se souvient Anne-Françoise Taisne, déléguée-générale du Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) et membre de l’organisation du festival depuis plus d’une vingtaine d’années. Avec Alimenterre, les projections de documentaires aident à informer et engager le débat.

La programmation s’appuie sur le réseau et l’expertise du CFSI. Mais ce sont les associations au niveau local qui organisent les projections-débats. Pour cette 16ᵉ édition, les associations ou collectifs participants ont le choix entre neuf films, du court au long-métrage, qui recoupent le plus souvent une thématique chère au CFSI : les interdépendances alimentaires entre pays du Sud et du Nord.

1650 projections

Les séances sont majoritairement organisées en France (métropolitaine et dans certains départements d’outre-mer), mais certains évènements sont aussi prévus sur le continent africain, notamment en Afrique de l’Ouest (Niger, Burkina Faso, Bénin et Togo). « Lors de la dernière édition, il y avait 1650 séances. Pour cette année, la carte du festival est déjà très remplie », se réjouit Anne-Françoise Taisne.

Des sujets variés sont mis en avant dans la sélection de films, réalisée en amont par le CFSI. « Une trentaine de personnes s’engagent à titre bénévole pour visionner une vingtaine de films. S’en suit un débat sur ce qu’on présente, pourquoi on le présente, comment on le présente. On regarde à la fois la qualité cinématographique, l’accessibilité du film, et la durée pour avoir le temps d’en débattre », explique l’organisatrice.

Modèle d’agriculture familiale, pression de la pêche industrielle, agroécologie, disparition progressive des fermes laitières, déclin des abeilles, précarité alimentaire… Basées sur des exemples concrets en France comme à l’international, les thématiques abordées dans les documentaires sélectionnés sont autant de sujets de débats dont le public est invité à s’emparer.

« Remotiver à agir »

Les pesticides occupent une place centrale, avec trois films consacrés à cette question. La Beauce, le glyphosate et moi suit par exemple la quête d’une habitante de cette région agricole qui tente de renseigner sur les pratiques agricoles de ses voisins.

Au-delà des films, le festival s’inscrit dans une démarche d’éducation populaire. « Le fait de se retrouver dans un village, dans un quartier, à échanger sur une thématique, ça crée du lien social. C’est ça aussi qui peut, dans certains cas, remotiver à agir », défend Anne-Françoise Taisne.

Les jeunes peuvent aussi participer au prix Alimenterre, créé en 2012 et qui vise à valoriser les projets liés à l’alimentation durable et solidaire. « Cette année, parmi les lauréats, il y avait des jeunes qui étaient partis filmer l’agriculture intensive dans les plaines de Champagne pour comprendre et décortiquer ce modèle agricole, explique la responsable. En le comprenant, on peut peut-être trouver des solutions pour demain. »