Emancipation

Grève féministe du 8 mars : « Ne nous libérez pas, on s’en charge ! »

Emancipation

par Emma Bougerol

Syndicats, collectifs et associations féministes se réunissent derrière un même mot d’ordre : la défense des droits des femmes. Les nombreuses et nombreux signataires appellent d’une seule voix à la grève et à la mobilisation le mardi 8 mars.

« Nous sommes debout, nous voulons décider de nos vies. Nous voulons l’égalité. » Derrière une même bannière, « Déferlante pour l’égalité », syndicats, associations et collectifs féministes et de gauche [1] appellent à se rassembler pour la journée internationale des droits des femmes. Un mouvement soutenu par la majorité des partis de gauche [2]. À la veille de l’élection, l’appel est clair : il ne faut pas oublier les femmes. « Le 8 mars, on s’arrête tout.e.s. On se met en grève. Plus de bla bla, plus de promesses sans lendemain, des actes. Ne nous libérez pas, on s’en charge ! »

Le 8 mars, l’heure est à la convergence des luttes : « Aides à domicile, assistantes d’élèves en situation de handicap (AESH), enseignantes, soignantes, travailleuses sociales… Les grèves se multiplient dans les métiers féminisés. Faisons converger ces luttes le 8 mars pour imposer des revalorisations salariales, des emplois stables et durables et des perspectives de carrière ambitieuses ! » Sans oublier les femmes sans-papier, dont les organisations demandent la régularisation.

Des « bouts de ficelle » contre les violences faites au femmes

Si ces cinq dernières années ont été celles des #MeToo – au travail, à la fac, face à l’inceste ou aux violences obstétricales et gynécologiques, comme dans le monde du théâtre, du sport, de la politique … –, elles ont aussi été celles de l’inaction politique. Emmanuel Macron avait promis de faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de son quinquennat. « Une vaste opération d’enfumage » dénonce l’appel. Le bilan présidentiel est maigre : beaucoup d’annonces, de petites mesures, de réactions à l’actualité … « On ne peut pas saupoudrer des petites mesures face à un phénomène d’une telle d’ampleur », affirmait Célia Lévy, membre du collectif #NousToutes à basta! en février, lors de notre retour sur le quinquennat.

Des politiques faites avec des « bouts de ficelle », ajoutait Marylin Baldeck, présidente de l’AVFT. Les 360 millions promis à l’issue du Grenelle contre les violences conjugales sont difficiles à retrouver, et toujours bien loin du milliard d’euros demandé par les féministes pour protéger efficacement les femmes et assurer l’égalité réelle. Dans un communiqué commun, la CGT, la FSU et Solidaires rappellent que les femmes gagnent toujours « en moyenne 28,7% de moins que les hommes ».

Une mobilisation pour toutes les femmes

Les violences faites aux femmes n’ont pas de frontière. Les organisations appellent à la « solidarité avec les femmes du monde entier », et particulièrement les femmes afghanes, « violemment réprimées par les talibans et abandonnées par les pays occidentaux ». Pas de frontière géographique, pas de frontière non plus d’âge ou de validité : elles demandent un rattrapage des pensions pour les femmes retraitées, une véritable éducation non-sexiste à l’école et une meilleure protection des femmes handicapées – d’autant plus victimes de « violences sexistes et sexuelles qu’elles soient d’ordre privé, institutionnel, médical ou économique ».

Le rendez-vous est fixé à 13 h 30 à Gare du Nord (Paris) par les syndicats CGT, FSU et Solidaires. Pour retrouver les autres actions référencées sur le site « Grève féministe » :

Les principales revendications de l’appel

« Le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous ferons la grève féministe partout dans le monde pour
  • Affirmer notre solidarité avec les femmes du monde entier qui subissent la répression, la négation de leurs droits, à commencer par nos sœurs d’Afghanistan, violemment réprimées par les talibans et abandonnées par les pays occidentaux.
  • Exiger des moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, sachant que pour les seules violences conjugales, le Conseil économique, social et environnemental estime à 1 milliard l’investissement nécessaire. Afin de prévenir toutes les formes de violence, il est indispensable d’accompagner et protéger les victimes, de former toutes les personnes qui travaillent à leurs côtés, de sanctionner les agresseurs, de faire appliquer les lois existantes et de compléter la législation.
  • Exiger l’égalité salariale et professionnelle et dénoncer le fait que les femmes sont toujours payées un quart en moins. En France, c’est comme si nous arrêtions d’être payées chaque jour à partir de 15 h 40.
  • Revendiquer la revalorisation des métiers féminisés, la fin de la précarité et des temps partiels et l’application de la loi qui – depuis 50 ans ! – prévoit un salaire égal pour un travail de valeur égale.
  • Obtenir le rattrapage des pensions des femmes retraitées qui sont inférieures de 40 % à celles des hommes.
  • Exiger un investissement financier et un recrutement massif dans les services publics, notamment dans les secteurs du soin, du lien et de l’éducation pour socialiser les tâches domestiques !
  • Développer une éducation féministe et égalitaire qui lutte enfin contre les stéréotypes et les violences et qui donne à tou.te.s la possibilité de réussir leur parcours scolaire et professionnel.
  • Exiger l’allongement des délais pour l’IVG et l’accès sur l’ensemble du territoire à des centres IVG. »

Photo de une : Midia Ninja

Notes

[1Appel lancé par : Action Aid Peuples Solidaires, Assemblée des Femmes, Association Nationale des Etudes Féministes (ANEF), APEL-Égalité, ATTAC, Chiennes de garde, CGT, CNT-SO, Collectif National pour les Droits des Femmes, Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV), collectif Tenon, Collectif bas les masques, Femmes Egalité, Femmes Solidaires, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir – FDFA, Fffrac, FIDL, Fondation Copernic, FSU, Héro.ïnes95, Las Rojas, Les Ateliers du Travail, Les Rosies, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie-LFID, Maison des femmes de Paris, Marche mondiale des femmes France, Mémoire Traumatique et Victimologie, Mouvement Femen, Mouvement des femmes kurdes en France (TJK-F), Nous Toutes, On Arrête Toutes, Osez le féminisme, RajFire, Réseau Féministe « Ruptures », Solidaires, Stop Violences Obstetricales et Gynécologiques, SKB, UNEF, Women Safe and Children…

[2Soutien des partis politiques : EELV, Ensemble !, France Insoumise, Génération.s, NPA, Parti de Gauche, PCF, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti Socialiste, Place Publique, Union des Communistes Libertaires