La désinformation sur les réseaux sociaux pousse les médias à communiquer autrement

par Nathalie Quiroga

Elon Musk se sert de X pour pousser son agenda réactionnaire. Mark Zuckerberg lève les freins à la désinformation sur Facebook et Instagram. Des évolutions qui obligent les médias à repenser leur communication, selon notre community manageuse.

Jusqu’où ira-t-il ? C’est la question récurrente avec Elon Musk. Après avoir influencé les élections dans son pays en déjouant toutes les réglementations, pourquoi ne pas faire de même chez les autres ? Le patron de X affiche donc désormais son soutien au parti d’extrême droite allemand AfD, qui pourrait faire un score record aux élections législatives du 23 février.

La « bonne nouvelle » c’est que la stratégie outrancière de Musk a rencontré une réaction forte : depuis les élections américaines, on assiste à un départ massif de la plateforme X, encore plus important qu’au moment du rachat de Twitter en 2022. Médias, organisations et surtout des millions de citoyennes ont quitté la plateforme. Pour notre part, nous avons rejoint le mouvement HelloQuitteX, pour un départ massif et groupé le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump.

Cela ne prive pas le milliardaire de son pouvoir de nuisance mais cette prise de conscience est un motif d’espoir pour l’information indépendante.

De plus en plus de personnes refusent d’être enfermées dans des « bulles informationnelles », prises dans des « biais de confirmation » ou soumises à des « mécanismes de récompenses ». Alors qu’il y a encore quelques années ces termes – et les pratiques qu’ils recouvrent – étaient à peu près inconnus hors des milieux universitaires !

C’est un des retours les plus forts qui nous a été fait par notre communauté lorsque nous l’avons interrogée sur notre projet de Portail des médias indépendants. Ce qui nous a poussé à concevoir un fil d’actualité qui place l’usagere dans un rapport actif à l’info (je recherche, je filtre, je choisis moi-même les contenus qui m’intéressent) et dans une perspective d’ouverture (je tombe sur des sujets inattendus et des points de vue différents sur un même sujet).

Si cette démarche inédite vous parle, prenez une minute pour nous soutenir financièrement. Nous avons besoin de vous pour que ce projet voit le jour.

Côté médias indépendants, la prise de conscience ne consiste pas uniquement à quitter un réseau pour un autre. D’autant que les annonces récentes de Mark Zuckerberg - suppression du fact-checking et allègement de la modération - laisse entrevoir une dérive similaire vers la désinformation et la brutalisation des échanges sur Facebook et Instagram. Les médias essayent plutôt de construire une relation plus directe avec leurs publics, hors des GAFAM, grâce aux newsletters, à des événements ou encore à la structuration de communauté de soutiens.

Résultat à Basta! par exemple, alors que la fréquentation du site a diminué depuis 2020 (sous l’effet de la chute des visites provenant des réseaux sociaux, Facebook en tête), le soutien au journal, lui, s’est considérablement renforcé.

Dans le brouillard des réseaux sociaux et de leurs algorithmes, malgré un contexte de défiance vis-à-vis des journalistes, de nouveaux médias indépendants émergent et parviennent aussi à susciter un grand engouement grâce à leur transparence, leur honnêteté et leur combativité – comme, Vert, La Déferlante, Disclose ou encore Splann ! pour n’en citer que quelques-uns. De plus anciens se renforcent et évoluent – comme Mediapart, Politis, Streetpress, Reporterre, Arrêt sur images, Alternatives économiques…

Preuve en est que nous pouvons toujours compter sur l’intelligence collective et citoyenne. Celle d’un public informé, critique de ses usages et prêt à s’engager pour changer le paysage médiatique. Notre défi est maintenant de toucher des audiences encore plus larges : toutes ces personnes qui cherchent des repères solides pour s’informer mais ne connaissent pas cet écosystème vivant de la presse indépendante.

À nous de leur faire découvrir.
À vous de nous soutenir dans cette tâche.