Trois dirigeants de l’ONG bélarusse Viasna, le prix Nobel de la paix Ales Bialiatski, le vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) Valiantsin Stefanovic et l’avocat Uladzimir Labkovich ont été condamnés début mars à de lourdes peines de prison ferme au Bélarus.
« Ces sentences ne sont autre que des représailles sanctionnant 25 ans de travail en faveur des droits humains au Belarus », dénonce la FIDH, qui « condamne ce verdict contre ses amis et collègues et reste fermement mobilisée jusqu’à leur libération définitive ».
Ales Bialiatski, Valiantsin Stefanovic et Uladzimir Labkovich ont été condamnés respectivement le 3 mars à 10, 9 et 7 ans d’emprisonnement. Tous trois étaient accusés de « financement d’actions portant atteinte à l’ordre public ». « Des prétextes fallacieux, utilisés pour sanctionner leur travail légitime en faveur des droits humains en tant que dirigeants de Viasna, l’une des principales organisations de défense des droits humains au Belarus », précise la FIDH. Pour son rôle d’assistance aux victimes de répressions et de documentation de ces répressions, Viasna est devenue la cible de persécutions de la part des autorités du pays.
Au moins 1454 personnes emprisonnées pour des motifs politiques
Depuis les élections d’août 2020 au Bélarus et le mouvement de protestation qui s’en est suivi, et encore plus largement depuis le début de l’attaque russe contre l’Ukraine, l’ensemble de la société civile du pays est menacée par le pouvoir d’Alexandre Loukachenko, en place sans interruption depuis 1994.
Selon Viasna, qui reste le principal groupe de défense des droits humains du Bélarus, au moins 1454 personnes sont actuellement en prison dans le pays pour des motifs politiques dont des défenseurs des droits humains, des opposants politiques, des journalistes, blogueurs, et également des syndicalistes indépendants.
À l’ouverture de leur procès le 5 janvier 2023, les accusés de Viasna « avaient déjà enduré plus de 17 mois d’incarcération », rappelle la FIDH. « Le procès a été truffé d’illégalités au regard du droit biélorusse autant que de violations des droits humains ». Par ailleurs, les accusés « se sont vu refuser le droit à un interprète, le procès ayant eu lieu en russe et non en bélarusse ». La FIDH affirme rester « fermement mobilisée » jusqu’à la libération définitive des trois condamnés.
Photo de une : Ales Bialiatski, président de l’organisation biélorusse Viasna, a reçu l’an dernier le prix Nobel de la Paix et vient d’être condamné à 10 ans de prison pour des motifs politiques/©Rachel Knaebel