En octobre, Mediapart révèle dans une enquête que Laurent Wauquiez, en tant que président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a organisé ce printemps et cet été de fastueux banquets de « networking », avec des personnalités du sport, de l’économie et des grands patrons de médias… Le tout payé par de l’argent public.
Le premier de ces événements confidentiels baptisés « dîner des sommets » « avait rassemblé une soixantaine de convives à l’Institut Paul-Bocuse, près de Lyon », écrit le site d’investigation. « La deuxième édition, à laquelle s’est intéressé Mediapart, s’est tenue le 23 juin dernier au château de La Chaize, dans le Beaujolais ».
Le site révélait aussi que ce deuxième dîner, avec 90 invités, a coûté plus de 100 000 euros. La région a admis auprès du journal avoir réglé l’intégralité de l’addition, sans aucun financement privé. Le menu se composait de « lentilles vertes, crème d’anguille fumée, mousse légère de betterave au vinaigre de Xérès, foie gras de canard, tournedos de volaille, festival de gourmandises »… arrosés de vins. Dix jours plus tard, On apprenait encore dans Mediapart qu’à cette facture s’ajoutaient près de 50 000 euros supplémentaires d’argent public, pour régler des prestations de « conseils » liées à l’organisation de ces dîners.
Demande aux parents de faire attention au gaspillage
Cette information sur les banquets de Laurent Wauquiez, Dominique, parent d’élève d’un lycéen de la région, l’a vu passer. Alors, quand est arrivé un courrier signé de Laurent Wauquiez, début décembre, son sang n’a fait qu’un tour. « Que votre enfant déjeune occasionnellement ou de façon plus régulière au restaurant de son lycée, je souhaitais partager avec vous les constats faits en termes de gaspillage alimentaire », indique la lettre envoyée aux parents de lycéen
ne s.« La préparation d’un repas de 750 grammes dans l’assiette génère en moyenne 144 grammes de déchets alimentaires, qu’ils soient issus de la préparation du repas, des retours plateaux des convives ou du non-consommé (principalement absentéisme des élèves pour lesquels le repas a toutefois été préparé ... », poursuit le courrier. À ceci s’ajoutent l’électricité, le gaz, l’eau utilisés pour fabriquer des repas finalement jetés. Dans un contexte de pouvoir d’achat contraint, en complément d’un prix de repas encadré, je me dois désormais d’engager, en Auvergne-Rhône-Alpes, pour chacun des 280 restaurants lycéens, un effort plus marqué sur la réduction de ce gaspillage », écrit aussi le président de région aux parents.
Dès cet automne, la région accentuera donc la vigilance sur le gaspillage alimentaire, « au bénéfice des familles », prétend encore le courrier. « Les économies générées viendront atténuer en partie les surcoûts que nous subissons tant sur les matières premières que sur l’énergie. » Le président de région assure encore compter sur les parents « pour être partie prenante de ces efforts, notamment en prévenant autant que possible de l’absence de votre enfant au restaurant lycéen. »
Refus de geler les tarifs des cantines
La région souhaite donc engager la chasse au gaspillage dans les cantines scolaires, tout en dépensant des sommes conséquentes pour des banquets au profit de son président, qui ambitionne de porter les couleurs de son parti à la prochaine élection présidentielle. « Je suis bien évidemment pour la chasse aux gaspillages, mais plutôt celui de ces "dîners au sommet" organisés à coup de milliers d’euros », s’indigne le parent d’élève.
En septembre, la région avait assuré que les tarifs des cantines des lycées n’augmenteraient pas jusqu’à la fin de l’année 2022. Mais ensuite, la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes a rejeté une proposition du groupe écologiste au conseil régional pour garantir le gel des tarifs des cantines des lycées en 2023.
Ce qui aurait protégé les parents de l’inflation au moins pour ce repas du midi. « La région pourrait mettre en place une aide pour accompagner les lycées, compenser la hausse des prix et permettre ainsi de geler les tarifs des cantines, estime un collaborateur du groupe écologiste de la région. Si on laisse les lycées se débrouiller, cela va avoir des conséquences sur les familles. Faute de tarification sociale, toujours rejetée par l’exécutif régional, cette hausse pèsera particulièrement sur les familles les plus modestes. »
Rachel Knaebel