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« Les Heures Heureuses » : plongée documentaire dans les archives de l’utopie psychiatrique de Saint-Alban

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par Rédaction

Le film « Les Heures Heureuses » donne à voir l’expérience d’une psychiatrie révolutionnaire de Saint-Alban, hôpital qui a accueilli patients, réfugiés et résistants pendant la Deuxième guerre et porté la réforme de la psychiatrie après.

Sous le régime de Vichy, 45 000 personnes internées sont mortes dans les hôpitaux psychiatriques français, abandonnées à la faim. Un seul lieu échappe à cette hécatombe : l’asile d’un village isolé du centre de la France. À Saint-Alban, en Lozère, soignants, patients et religieuses ont travaillé côte-à-côte à la survie de toutes et tous, tout en accueillant clandestinement réfugiés et résistants.

Les personnels de Saint-Alban ont entraîné toute une communauté dans l’élaboration d’une nouvelle conception de la psychiatrie et de la place du patient dans la société. La lutte contre l’occupant allemand s’y est transformée en lutte contre toute forme d’oppression et d’enfermement, et Saint-Alban est devenu le creuset du mouvement de « psychothérapie institutionnelle » qui a transformé la psychiatrie après-guerre.

Composé de bobines Super 8 retrouvées dans l’hôpital, de photographies et d’archives sonores, le film Les Heures Heureuses nous plonge, sur plusieurs décennies, dans un quotidien réinventé, où le courage politique a renouvelé le regard porté sur les patients de la psychiatrie.

On y croise les voix et les images de François Tosquelles, psychiatrie catalan réfugié en France et recruté à Saint-Alban en 1940, mais aussi, entres autres, celle de Lucien Bonnafé, qui a porté la réforme de la psychiatrie française après la guerre, du poète Paul Éluard, qui a un temps trouvé refuge à Saint-Alban, des infirmières et infirmiers, des patientes et des patients de l’hôpital.

A l’heure où les pratiques de contention et d’isolement des patients sont revenues dans les hôpitaux psy, et où la psychiatrie crie depuis des années son besoin de moyens pour soigner dignement, retrouver la mémoire de Saint-Alban rappelle la capacité d’accueil du soin.

Le film Les Heures Heureuses sort en salle ce mercredi 20 avril. Basta! est partenaire du film.

Le lundi 9 mai Rachel Knaebel, journaliste à Basta! animera une discussion avec la réalisatrice Martine Deyres lors d’une projection-débat au cinéma parisien les 3 Luxembourg.

Les projections-débats, en présence de la réalisatrice Martine Deyres, au cinéma Les 3 Luxembourg, 67, rue Monsieur le Prince 75006 Paris :

 Mercredi 20 avril - 20h30. Avec : Savine Faupin, conservatrice en chef en charge de la collection d’art brut au LaM-Lille Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, Anouk Grinberg, comédienne et peintre.
 Jeudi 21 avril - 20 h 45. Avec : Matthieu Bellahsen, psychiatre, co-auteur de La révolte de la psychiatrie, les ripostes à la catastrophe gestionnaire (La Découverte 2020) et participant au Printemps de la psychiatrie, Benjamin Royer, psychologue clinicien.
 Samedi 23 avril - 20 h 30. Avec : Philippe Artières, chercheur en histoire au CNRS, Éric Favereau, journaliste à Libération. En partenariat avec l’association VIF-Fragile.
 Lundi 25 avril - 20 h 30. Avec : (sous réserve) Éric de Thoisy, architecte, chercheur, Nicolas Philibert, cinéaste.
 Mercredi 27 avril - 20 h 30. Avec Anne-Claire Devoge, directrice générale adjointe des Ceméa.
 Vendredi 29 avril - 20 h 30. Avec : Laurence Conan, chargée de développement - Documentaire sur grand écran.
 Vendredi 6 mai - 20 h 45. Avec : Antoine Duarte, psychologue clinicien, maître de conférence à l’Université Toulouse Jean-Jaurès.
 Lundi 9 mai - 20 h 30. Avec : Rachel Knaebel, journaliste à Basta!

 Préventes.