Probité

Anticor récompense l’Observatoire des multinationales, Julian Assange et le journalisme

Probité

par Rédaction

L’association de lutte contre la corruption a décerné le 22 janvier ses prix éthiques à des journalistes et lanceurs d’alerte, et ses casseroles à des politiques et hauts-fonctionnaires qui servent les intérêts privés.

Chaque année, l’association anti-corruption Anticor décerne des prix éthiques aux lanceurs d’alerte, élus, chercheurs, journalistes et artistes qui ont contribué à la lutte contre les atteintes à la probité et à rétablir le lien de confiance entre les citoyens et leurs élus. Elle distribue également des casseroles et des pantoufles à ceux qui ont fait fi de ces impératifs démocratiques. Samedi 22 janvier, elle a remis ses prix pour récompenser les comportements vertueux et dénoncer les agissements déplorables de l’année écoulée.

L’Observatoire des multinationales, partenaire de basta! a reçu un prix éthique pour son rapport sur la présidence de l’Union européenne, assurée par la France depuis le 1er janvier. Le rapport révèle l’alignement du gouvernement français sur les intérêts des grandes entreprises. Anticor a aussi récompensé l’engagement de la lanceuse d’alerte Valérie Murat, pour avoir signalé la présence de pesticides dans des vins labellisé Haute Valeur Environnementale, et qui a été condamnée par le tribunal de commerce à payer 125 000 euros pour cela.

« Julian Assange est un combattant de la liberté »

Amar Benmohamed, policier lanceur d’alerte sanctionné par sa hiérarchie pour avoir eu le courage de dénoncer les mauvais traitements et le racisme de policiers en service au dépôt du tribunal de Paris, a également reçu un prix. Ont aussi été récompensés l’ancien inspecteur des impôts Noël Pons, pour son livre La corruption, comment ça marche ? ; « Secrets d’info » l’émission de France Inter, le Consortium International des journalistes d’investigation, pour avoir révélé l’ampleur de la richesse confisquée via l’évasion fiscale et les puissants qui en jouissent, et Julian Assange, le créateur de Wikileaks.

Poursuivi pour espionnage aux États-Unis après avoir diffusé, à partir de 2010, des centaines de milliers documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques états-uniennes, en particulier en Irak et en Afghanistan, Julian Assange est aujourd’hui toujours détenu en Grande-Bretagne. Il est menacé d’extradition vers les États-Unis, où il risque plus de 100 ans de prison. « Julian Assange est un combattant de la liberté. Il s’est battu pour nous, pour notre droit de savoir. Il s’est battu contre la raison d’État. Il s’est battu pour mettre en place un système de renseignement au service de la vérité et des citoyens », défend Anticor.

L’association a aussi distribué casseroles et pantoufles, pour distinguer les élus ou hauts-fonctionnaires partis s’enrichir et servir le secteur privé. Natacha Valla, directrice adjointe à la Banque centrale européenne qui a rejoint LVMH en juin 2020, a reçu une pantoufle, tout comme Mathias Vicherat, haut-fonctionnaire devenu directeur de Sciences Po, pour ses « conseils décomplexés encourageant le pantouflage et les portes tournantes auprès des élèves » de l’Institut d’études politiques. L’ancienne secrétaire d’État à l’Écologie de Macron, Brune Poirson, a reçu une distinction « pour son vrai-faux départ du gouvernement avant la fin de son mandat : une démission de sa fonction de députée requalifiée en "mission temporaire" afin d’éviter un nouveau scrutin. » Elle avait démissionné de son poste au service de l’État pour rejoindre le groupe d’hôtels Accor.

Photo : Un rassemblement en soutien à Julian Assange à Londres le 20 décembre 2019 lors de la pré-audience devant la Westminster court. ©Marc Meillassoux