L’année 2022 s’annonce agitée : six mois de campagne électorale, pour la présidentielle puis les législatives, puis une Assemblée nationale qui se mettra au travail pour cinq ans. Quelle que soit la couleur politique de la nouvelle majorité parlementaire, notre travail d’information et d’investigation, aux côtés de celles et ceux qui œuvrent dans le sens de l’intérêt général, demeurera essentiel.
basta! va donc continuer à se concentrer sur plusieurs sujets, dans le but de vous informer honnêtement – sans se contenter de commentaires à la va-vite, de ressasser des clichés ou de s’indigner à perpétuité – et de contribuer à les faire émerger dans le débat public. Quand nous nous emparons d’un sujet, notre souhait est aussi que des avancées et progrès puissent être obtenus en fonction des problèmes que nous avons documentés. Le nombre des sujets que nous pourrons traiter dépendra de nos moyens, donc en grande partie de vous.
En 2021, notre travail d’information a ainsi débouché sur plusieurs avancées, parfois modestes mais toujours concrètes, et c’est aussi grâce à vous ! Voici quelques exemples d’avancées auxquelles vous avez contribué.
Montrer le système inégalitaire des coopératives agricoles
Le 12 octobre, tout en lançant notre nouveau site, nous publiions une vaste enquête de Nolwenn Weiler et Sophie Chapelle sur les coopératives agricoles. Les plus grandes d’entre elles sont devenues des multinationales dont les dirigeants s’octroient de très généreux salaires (jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros par an), pendant que les agriculteurs qui en sont membres gagnent, en moyenne, un peu plus d’un smic par mois. Cette inégalité de traitement est-elle justifiée ? Cette enquête a particulièrement agacé les cadres du Haut Conseil de la coopération agricole, autorité de tutelle des coopératives agricoles. Et va alimenter la mission d’information parlementaire sur la transparence de l’information dans les coopératives agricoles lancée début décembre.
Pointer la situation alarmante de l’hôpital public
Notre travail de recensement des fermetures de lits d’hôpitaux, que le gouvernement a poursuivi malgré l’épidémie et ses vagues successives, a contribué à placer ce sujet dans le débat politique, des députés s’appuyant sur notre travail pour interpeller le ministre de la Santé. Si la vaccination est un levier important pour tenter de contrôler l’épidémie, une bonne prise en charge des patients par des personnels soignants correctement rémunérés et reconnus demeure essentielle.
Interroger la légitimité (ou non) du recours à la force par la police
basta! entre déjà de plain-pied dans la campagne présidentielle. Mi-octobre, Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste, déclarait sur France Info TV : « La police tue ». Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a annoncé vouloir déposer plainte contre lui. Résultat : notre travail de recensement des interventions létales des forces de l’ordre a été abondamment cité sur les réseaux sociaux. Car oui, « la police tue », c’est une possibilité qui lui est donnée dans le cadre de ses missions, la question étant dans quel contexte les forces de l’ordre font usage de la violence létale, et si cet usage est légitime ou non.
Libération ainsi que Le Figaro ont interviewé notre corédacteur en chef, Ivan du Roy, dans le cadre d’un article de fact-cheking suite à la polémique. En 2022, le journaliste Ludovic Simbille, cheville ouvrière de ce travail, continue pour Basta! à actualiser ce recensement. Rappelons également que l’IGPN s’est clairement inspiré du travail de basta! pour publier, pour la première fois de son histoire, son propre recensement du recours à la violence létale.
Questionner les aides publiques massives versées au CAC 40
Le travail de l’Observatoire des multinationales sur les aides publiques aux grandes entreprises françaises continue de faire bouger les lignes. En novembre, l’Observatoire a lancé aux côtés de parlementaires et d’organisations de la société civile une commission d’enquête parlementaire et citoyenne sur le sujet. Les séances de travail, animées par Olivier Petitjean et Maxime Combes, avec l’appui de Mélissandre Pichon, se tiennent tous les jeudis, jusqu’en février 2022, et peuvent être suivies intégralement en ligne. Ce patient travail débouchera sur un livre blanc au printemps. Nous ferons en sorte qu’il alimente les débats électoraux !
Rendre justice à celles et ceux qui meurent de leur travail
Parmi les secteurs où les travailleurs sont particulièrement exposés à un risque d’accidents – parfois mortels –, basta! suit depuis des années le sort des cordistes. Le journaliste Franck Depretz a été l’un des premiers à alerter sur la fréquence des accidents mortels dans cette profession, du fait du non-respect de l’obligation de sécurité par certaines entreprises. Son travail pour basta! a contribué, là encore, à mettre en lumière ces situations, à aider aux mobilisations et à ce que d’autres médias se penchent sur le sujet. Le 24 novembre 2021, la cour d’appel de Reims a condamné la société Cristal Union (la marque de sucre Daddy) et son sous-traitant pour la mort d’Arthur et Vincent, ensevelis dans un silo de sucre à Bazancourt (Marne). Au moment de l’audience en septembre dernier, nous publiions le témoignage poignant de leur compagnes.
De petites choses dans l’océan de l’actualité mais qui changent la vie des concerné.e.s
Nous avons publié le témoignage d’un allocataire de l’AAH (Allocation adulte handicapé) dont l’allocation a été suspendue par la CAF sans aucune raison. Il s’était retrouvé sans aucun revenus du jour au lendemain. À la suite de notre article, il nous a informé avoir saisi la Défenseure des droits, ce qui a permis la régularisation de sa situation. Il reçoit à nouveau son allocation minimale (903,60 maximum pour une personne vivant seule).
Autre issue positive. En juin 2021, la famille de Cloé, jeune bretonne de 11 ans atteinte d’une leucémie, a enfin obtenu que les champs attenants à leur jardin soient cultivés sans pesticides. « C’est un grand soulagement pour eux », nous fait part notre journaliste Nolwenn Weiler, qui a raconté l’histoire de Cloé en septembre 2020.
C’est grâce à votre soutien que notre travail d’intérêt général peut gagner en retentissement et faire bouger les lignes. Parce qu’une bataille de l’information se prépare en 2022, nous aurons besoin de davantage de moyens et de visibilité pour continuer à faire émerger ces sujets dans le débat public. On ne lâche rien !
Illustration de Une : © Bruno Bartkowiak