Lors de la séance des questions au gouvernement du 11 janvier à l’Assemblée nationale, la gauche interpelle le gouvernement et sa ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, sur la Tunisie : « D’un côté la France appelle au respect de la démocratie en Côte d’Ivoire alors que de l’autre, elle soutient de manière indéfectible la dictature de M. Ben Ali », souligne le député communiste Jean-Paul Lecoq. « Comment justifiez-vous cette incohérence de notre pays ? »
Réponse subtile de la ministre : « La priorité doit aller à l’apaisement après des affrontements qui ont fait des morts, un apaisement qui peut reposer sur des techniques de maintien de l’ordre », que MAM se déclare prête à partager avec le régime tunisien. « Nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type. » Pour l’ex-ministre de l’Intérieur, l’exigence de démocratie, de justice sociale et d’un véritable partage des richesses se résume à une « situation sécuritaire »… Fine analyse.
MAM flaire probablement la bonne affaire : fourguer flash-ball, tasers et tenues de Robocop à la police tunisienne « dans le cadre de la coopération ». De quoi méticuleusement réprimer sans forcément provoquer 50 morts, ce qui fait tache.
À Jean-Paul Lecoq qui dénonce un régime qui « repose sur le principe de la répression systématique de toute opposition critique », où « la liberté de la presse demeure inexistante » et « l’opposition est bâillonnée et maltraitée au nom du sacro-saint objectif de stabilité », MAM rétorque qu’il est temps d’arrêter de « lancer des anathèmes »… Demain, volera-t-elle au secours du président iranien Mahmoud Ahmadinejad ou du nord-coréen Kim Jong-il en leur vantant « le savoir-faire de nos forces de sécurité » en échange d’un gros contrat ?
Enfin, MAM comme l’UMP refusent de « s’ériger en donneurs de leçons » face aux violations des droits humains en Tunisie. Pour autant, ils expliquent sans sourciller, dans le cadre de leur coopération avec le régime tunisien, vouloir y donner « la priorité à l’emploi et en particulier à l’accès des jeunes au marché du travail ». C’est vrai que la France a un immense savoir-faire en la matière…
Ivan du Roy
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