Nous, militant-es féministes et LGBTI, personnes trans, travailleurs et travailleuses, étudiant-es, travailleurs-ses du sexe (TDS), sommes mobilisé-es contre le projet de loi des Républicains qui vise à interdire toute transition médicale aux mineur. Depuis le 5 mai, une mobilisation est en cours dans toute la France afin de lutter contre cette offensive liberticide et dangereuse pour la vie de toutes les personnes trans. Cette loi vise à interdire la transition médicale des mineur.e.s trans, à leur imposer un suivi psychiatrique et à sanctionner les soignant-es qui accompagnent un processus de transition. es
S’il s’agit dans un premier temps de retirer aux mineurs trans le droit à disposer de leur corps, nul doute que les personnes trans majeur-es seront également visé-es par la suite. Plus encore, ce projet de loi remet en cause la liberté à disposer de son corps, un droit toujours précaire pour les personnes trans, mais aussi toutes les femmes et personnes LGBTI. Nous l’avons vu avec les attaques simultanées contre les transitions et contre l’avortement aux États-Unis et en Russie.
Nous n’avons aucune confiance dans ce gouvernement pour protéger nos droits
Ce projet politique est encouragé par l’agenda politique du gouvernement, réactionnaire et anti-social, marqué par des attaques comme la réforme des retraites, la loi Immigration et la répression des voix qui dénoncent le génocide du peuple palestinien. Cette nouvelle séquence parlementaire a ouvert la voie à une escalade transphobe : le Rassemblement National s’est empressé de déposer lui aussi une proposition de loi similaire. Notons également la publication de Transmania par Dora Moutot et Marguerite Stern, militant
es anti-trans.Si Aurore Bergé, ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, a déclaré que le gouvernement s’opposerait « fermement » à la proposition de loi LR, il s’agit d’un simple calcul politique puisqu’elle-même avait reçu en tant que présidente de son groupe parlementaire Marguerite Stern et Dora Moutot en août 2022, alors qu’elle a toujours refusé de recevoir les assos trans.
C’est aussi ce même gouvernement qui compte en son sein pas moins de sept ministres qui se sont opposés au Mariage pour tous. D’ailleurs la ministre Bergé, qui n’aime pas plus les travailleur
euses du sexe (TDS) que les trans, vient encore de renforcer la répression contre le travail du sexe alors que la politique abolitionniste française, en plus d’être inefficace contre la traite, sexiste et paternaliste, est surtout raciste et transphobe. Elle a des conséquences catastrophiques pour les TDS trans, déjà extrêmement stigmatisées et précarisées. Nos communautés trans sont intimement concernées par le travail du sexe, le réprimer violemment comme le fait ce gouvernement, c’est aussi violenter un peu plus nos communautés.Par conséquent, nous n’avons aucune confiance dans ce gouvernement pour protéger nos droits, et en garantir de nouveaux. Au contraire, il participe activement à les détricoter. En cherchant à faire de l’économie sur la santé avec ses budgets austéritaires, il menace les droits trans et reproductifs. Et alors que d’un côté il réprime brutalement les mouvements pour la Palestine et pour l’autodétermination du peuple kanak, alors qu’il persécute les mouvements écologique, étudiant et syndical, il autorise les manifestations néo-nazies en plein cœur du Paris. En tant que militant-es progressistes et antifascistes, nous le disons haut et fort : le gouvernement de Macron est le principal responsable de la montée de l’extrême-droite.
La force d’un front large contre la transphobie et l’extrême-droite
Les 4 et 5 mai dernier nous étions au moins 25 000 à nous mobiliser dans près de 50 villes en France et en Belgique. Cette réussite est un premier pas, qui a démontré la force d’une #RiposteTrans, d’un front large contre la transphobie et l’extrême-droite. Ce front peut servir de bouclier à toutes les futures offensives, chose qui avait manqué aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Russie, et a permis aux États d’imposer de véritables reculs des droits trans et reproductifs. Mais ce front peut servir non seulement pour contrer les attaques de l’extrême-droite ou pour simplement obtenir le retrait du projet de loi LR mais aussi pour aller plus loin, à la conquête de nouveaux droits !
Les 25 et 26 mai doivent être l’occasion de construire et d’élargir, partout en France, une mobilisation pour les droits trans, reproductifs, et bien plus. C’est pourquoi nous revendiquons une transition dépsychiatrisée, libre et gratuite, ouverte aux mineur
es. Notre mouvement va lutter avec acharnement pour un changement d’état civil libre et gratuit sur simple demande en mairie et à terme, la fin de la mention de sexe à l’état civil.Mais également :
- L’accès à la PMA pour toutes les personnes trans.
- L’arrêt des mutilations sur les enfants intersexes.
- Des moyens massifs pour les services publics afin d’assurer l’accès réel à l’IVG, aux transitions et à la contraception.
- Une éducation aux questions de genre, de sexualité et de relations affectives prise en charge par les travailleurs-es de l’éducation, de la santé, ainsi que par les associations queer et féministes.
- L’abrogation de toutes les lois répressives : loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, loi immigration, loi de pénalisation du client du 13 avril 2016, sécurité globale, et l’amnistie de tous les réprimés du mouvement de solidarité avec la Palestine.
Pour obtenir ces revendications, il va nous falloir construire et structurer le mouvement par en bas, en tissant des alliances avec toutes celles et ceux qui luttent contre l’extrême-droite et le gouvernement liberticide, à l’image du mouvement international de solidarité avec la cause palestinienne. Par ailleurs, dans le contexte répressif actuel, nous tenons à rappeler en tant que militants trans et féministes notre soutien à toutes et tous qui subissent la répression policière et judiciaire. Du mouvement de solidarité avec la Palestine, de la lutte du peuple kanak dont le territoire a été colonisé par la France mais aussi des révoltes pour Nahel et contre les violences policières à l’encontre des personnes racisées dans les quartiers populaires sans oublier les syndicalistes réprimés pour avoir pris part au mouvement des retraites.
Les 25-26 mai, nous appelons à l’organisation de manifestations, de rassemblements mais aussi d’assemblées générales dans chaque ville, ouvertes aux personnes organisées et non organisées, pour débattre et s’approprier notre appel pour construire un front large contre la transphobie avec la perspective de poursuivre le combat en juin en organisant des grands cortèges pour les droits trans et reproductifs au sein des Marches des fiertés.
Le texte est ouvert aux signatures sur ce document.
– Voir ici la liste complète des signataires.
Photo de une : Manifestation féministe en novembre 2021, à Paris CC BY-NC 2.0 Deed Midia Ninja.