Pas d’indemnisation pour Emmy, décédée d’une leucémie à cause des pesticides

par Nolwenn Weiler

Le lien entre la leucémie d’Emmy, décédée en mars 2022, et l’exposition aux pesticides de sa mère, fleuriste, alors qu’elle était enceinte a été confirmé. Mais la cour d’Appel de Rennes a refusé d’indemniser l’enfant décédée.

La cour d’appel de Rennes a déclaré le 4 décembre « irrecevables » les demandes de Laure et François Marivain, qui demandaient la reconnaissance et l’indemnisation des souffrances de leur fille Emmy, morte en mars 2022 à 11 ans des suites d’une longue leucémie. La maladie d’Emmy a été reconnue comme directement liée à l’exposition aux pesticides de Laure, fleuriste, alors qu’elle était enceinte (ces professionnelles sont en contact avec de très nombreux produits dont plusieurs interdits en Europe sans aucune protection). Mais seuls ses parents avaient été indemnisés, ce qu’ils contestaient. « C’est inadmissible, c’est comme si Emmy n’avait pas souffert pendant toutes ces années », a déclaré l’avocat de la famille François Lafforgue lors de l’audience du 9 octobre dernier, à Rennes.

Après deux mois de réflexion, la cour d’appel a confirmé mercredi l’indemnisation de Laure et François Marivain, qui recevront 25 000 euros chacun en réparation de leur préjudice moral. Mais elle a refusé la demande d’indemnisation formulée pour Emmy elle-même, pour ses frère et sœur et pour sa grand-mère, douloureusement impactés par la maladie et le décès de l’enfant.

Limite des pouvoirs du fonds

« Cette question des indemnisations me donne l’impression qu’on veut effacer notre famille », avait dit aux juges Laure Marivain le 9 octobre lors d’un témoignage poignant au cours duquel elle a évoqué les souffrances immenses de son enfant, malade dès ses quatre ans. « Son petit corps n’avait pas de répit. Elle perdait souvent ses cheveux et c’était tellement horrible pour elle qu’elle me demandait de les garder pour pouvoir continuer de les admirer. Emmy ne demandait qu’à vivre. Sa disparition est une torture de chaque jour. »

« Le FIVP ne peut agir que dans la limite de ses pouvoirs, quelle que soit la légitimité du combat [mené par la famille d’Emmy] », avait plaidé Géraldine Brasier Porterie, avocate du FIVP le 9 octobre, précisant que la logique de ce fonds, c’est « l’indemnisation pour permettre de continuer sa vie. » En face, François Lafforgue s’est étonné du refus d’indemniser la famille et surtout Emmy. « Finalement, on a créé un fonds, mais on n’indemnise pas la victime décédée ? », avait-il interrogé, demandant « la réparation intégrale » du préjudice d’Emmy et de sa famille. Sans succès.

Nolwenn Weiler

Dessin : © Cécile Guillard