Combattre l’extrême droite

par Emma Bougerol

Avec 31,5 % des voix, le Rassemblement national est arrivé en tête en France aux Européennes. Le RN devient le parti avec le plus de sièges au Parlement européen. En réaction, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. Avec un RN au plus haut, et le risque qu’il gagne du terrain au Parlement ici aussi, après les législatives annoncées pour le 30 juin et le 7 juillet prochains.

Les partis d’extrême droite ont aussi gagné des sièges dans d’autres pays européens, en Allemagne, en Italie, en Autriche. À l’échelle du continent, un virage à droite de l’institution européenne n’augure rien de bon pour notre avenir commun.

2024 est une année électorale cruciale dans le monde entier. Plus de la moitié de la planète est appelée aux urnes. Ce moment charnière nous remet face à une réalité déchirante : dans de nombreux pays, l’extrême droite a le vent en poupe.

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En Argentine, où le gouvernement de Javier Milei creuse les inégalités avec une politique ultra libérale. En Inde, où le Premier ministre nationaliste hindou Narendra Modi, qui va entamer un troisième mandat, persécute les musulmans. En Ouganda comme en Russie, où faire partie d’une minorité de genre ou d’orientation sexuelle est désormais considéré comme un crime.

La menace de l’extrême droite et ses conséquences lorsqu’elle arrive au pouvoir ne sont pas nouvelles. Nous les documentons depuis des années chez Basta!. Si nous continuons, c’est parce que nous avons la conviction que l’information est essentielle quand l’obscurantisme menace.

L’image que se donnent ces partis nationalistes ne résistent pas aux faits. En témoigne notre analyse des votes de l’extrême droite au Parlement européen. Aucun doute, ces partis sont anti-écolo, opposés aux droits des femmes, au salaire minimum, à la préservation de l’environnement.

J’ai aussi vu sur le terrain les conséquences d’une extrême droite dédiabolisée au pouvoir. En Suède, en septembre 2022, où l’humeur était à la fête chez les nationalistes : le parti des Démocrates de Suède venait d’arriver en tête des votes de droite. Sous leur influence, le pays a depuis délaissé l’écologie et la lutte contre le réchauffement climatique.

Je l’ai vu également en Italie, devant un tribunal où des mères portaient haut des banderoles pour clamer leur droit à une famille. À Padoue, le regard grave ou embué, ces femmes citaient un à un des prénoms de bambins : Caterina, Emanuele, Vittorio, Bianca, Ettore, Leonardo, Federico... Le gouvernement de Giorgia Meloni voulait que ces enfants de couples lesbiens soient privés légalement d’une de leurs mamans.

Regarder ce qui se passe ailleurs nous permet d’anticiper ce qui pourrait arriver chez nous. Depuis des années, le pouvoir macroniste façonne une réalité où leur seul réel adversaire politique serait l’extrême droite — tout en adoptant des rhétoriques et des lois tout droit venues de l’imaginaire du Rassemblement national. Ce jeu dangereux se retournera inévitablement contre le pays.

Fermer les yeux ne fera pas partir le problème. Nous sommes là pour braquer les projecteurs dessus. C’est là le cœur de notre travail, dans les colonnes (de pixels) de Basta!, comme dans notre newsletter de revue de presse internationale du Portail des médias libres. Si vous le pouvez, c’est le moment ou jamais de soutenir notre journal par un don. Merci.

Emma Bougerol