Payer pour percevoir ses aides : le désengagement de l’État laisse place au privé - commentaires Payer pour percevoir ses aides : le désengagement de l'État laisse place au privé 2023-08-28T10:18:12Z https://basta.media/payer-pour-percevoir-ses-aides-le-desengagement-de-l-etat-laisse-place-au-prive#comment12643 2023-08-28T10:18:12Z <p>Bonjour et merci pour cet article.<br class="autobr"> Effectivement, la situation de crise des services sociaux est alarmante et les intérêts des entreprises favorisés par l'ambiance Kafkaïenne des services administratifs. Diplômée d'état d'éducation spécialisée en pleine réforme du travail social (2015), nous avons milité, manifesté afin d'éviter cette dérive. Si les « travailleurs sociaux » ont un socle commun symbolique, les contenus de nos formations sont très différents. Je n'ai, à titre d'exemple, reçu aucun contenu de formation à propos des différents dispositifs d'aide. Mes missions relèvent essentiellement de la relation de confiance laquelle est au coeur de ma prise en charge : orienter si possible « l'usager » vers des dispositifs - un(e) assistant(e) social(e) dans un CCAS, à titre d'exemple - lesquels mettent en route les démarches. Car, la réalité sociale, c'est également cela : les « usagers » n'ont aucune confiance en l'institution et ont peur de faire valoir leurs droits. Comme on les comprend : pas d'interlocuteur, en effet. Et c'est la partie immergée de l'iceberg. Glissements de fonction à tous les étages et les éducateurs spécialisés se mettent à créer des identifiants Pôle Emploi, CAF, etc. et à gérer des situations administratives alors que le cœur de la profession se situe dans la situation tout court. Bien sûr, il ne s'agit pas de nier que ce « travailleur social » parmi d'autres peut avoir un regard sur le pan administratif et quelques avis pertinents : par contre il n'a pas à se substituer à l'AS. Et inversement.<br class="autobr"> Pas de recette miracle : seulement de la patience et de la fermeté. Personne ne doit rester sans ressource et il existe nécessairement un dispositif pour chacun. Étude théorique réalisée vers 2014 dont j'ai malheureusement oublié la source : les travailleurs sociaux se précarisent. J'ai passé quelques années aux minimas sociaux (RSA puis ASS) et en dépit de ma « connaissance » des dispositifs, maintenir mes droits n'a pas été simple. Cela étant précisé, j'y suis parvenue : car mon foyer est resté ferme. Peu importe les « stigmates » (pourtant ils sont très lourds à porter : malgré le développement d'un lieu de vie autonome et la validité de ce projet aux « yeux » des différentes administrations - conseillers Pôle Emploi, plus spécifiquement) nous avons tenu bon. En zone rurale. Le plus difficile étant le regard plein de pitié des interlocuteurs restants. Comme si le projet était un aveu d'échec. « Pauvres d'eux, ces gens qualifiés et diplômés obligés de vivre sobrement, de créer une permaculture et d'y développer des richesses intérieures »... La pauvreté était réelle et assumée. Le « mal » venait d'ailleurs : ça sentait les violences conjugales, tout simplement. Lesquelles ont été alimentées par la paranoïa liée à la fin des droits. Le torchon brûle partout : les bénéficiaires, par contre, le savent et se battent pour leur droit. Celles et ceux qui ne le font pas (un foyer sur trois) relèvent peut-être de la psychiatrie par contre ils sont souvent propriétaires (propriété et misère ne sont pas incompatibles) et refusent la stigmatisation, en effet : c'est un déni. En sortir devient urgent pour les bénéficiaires les plus marginalisés : lesquels font valoir leurs droits et maintiennent une relation de confiance avec quelques interlocuteurs (en dépit de l'absence de confiance en l'institution et c'est une prouesse !) des services publics (en dépit des stigmates et des difficultés !) et déplorent l'absence de ceux qui ne les assument pas. Parce que oui nous sommes riches : d'un dispositif précieux et de projets alternatifs possibles. Non, il n'y a pas d'emplois salariés pour tous, c'est une crise.<br class="autobr"> Merci pour cet article où apparaissent certaines nuances que je m'efforce de compléter : « une travailleuse sociale » souvent au chômage car je ne suis pas formée pour ouvrir des droits...</p> Payer pour percevoir ses aides : le désengagement de l'État laisse place au privé 2023-08-28T10:11:20Z https://basta.media/payer-pour-percevoir-ses-aides-le-desengagement-de-l-etat-laisse-place-au-prive#comment12642 2023-08-28T10:11:20Z <p>Bonjour et merci pour cet article.<br class="autobr"> Effectivement, la situation de crise des services sociaux est alarmante et les intérêts des entreprises favorisés par l'ambiance Kafkaïenne des services administratifs. Diplômée d'état d'éducation spécialisée en pleine réforme du travail social (2015), nous avons milité, manifesté afin d'éviter cette dérive. Si les « travailleurs sociaux » ont un socle commun symbolique, les contenus de nos formations sont très différents. Je n'ai, à titre d'exemple, reçu aucun contenu de formation à propos des différents dispositifs d'aide. Mes missions relèvent essentiellement de la relation de confiance laquelle est au cœur de ma prise en charge : orienter si possible « l'usager » vers des dispositifs - un(e) assistant(e) social(e) dans un CCAS, à titre d'exemple - lesquels mettent en route les démarches. Car, la réalité sociale, c'est également cela : les « usagers » n'ont aucune confiance en l'institution et ont peur de faire valoir leurs droits. Comme on les comprend : pas d'interlocuteur, en effet. Et c'est la partie immergée de l'iceberg. Glissements de fonction à tous les étages et les éducateurs spécialisés se mettent à créer des identifiants Pôle Emploi, CAF, etc. et à gérer des situations administratives alors que le cœur de la profession se situe dans la situation tout court. Bien sûr, il ne s'agit pas de nier que ce « travailleur social » parmi d'autres peut avoir un regard sur le pan administratif et quelques avis pertinents : par contre il n'a pas à se substituer à l'AS. Et inversement.<br class="autobr"> Pas de recette miracle : patience et fermeté. Personne ne doit rester sans ressource et il existe nécessairement un dispositif pour chacun. Étude théorique réalisée vers 2014 dont j'ai malheureusement oublié la source : les travailleurs sociaux se précarisent. J'ai passé quelques années aux minimas sociaux (RSA puis ASS) et en dépit de ma « connaissance » des dispositifs, maintenir mes droits n'a pas été simple. Cela étant précisé, j'y suis parvenue : car mon foyer est resté ferme. Peu importe les « stigmates » (pourtant ils sont très lourds à porter : malgré le développement d'un lieu de vie autonome et la validité de ce projet aux « yeux » des différentes administrations - conseillers Pôle Emploi, plus spécifiquement) nous avons tenu bon. En zone rurale. Le plus difficile étant le regard plein de pitié des interlocuteurs restants. Comme si le projet était un aveu d'échec. « Pauvres d'eux, ces gens qualifiés et diplômés obligés de vivre sobrement, de créer une permaculture et d'y développer des richesses intérieures »... La pauvreté était réelle et assumée. Le « mal » venait d'ailleurs : ça sentait les violences conjugales, tout simplement. Lesquelles ont été alimentées par la paranoïa liée à la fin des droits. Le torchon brûle partout : les bénéficiaires, par contre, le savent et se battent pour leurs droits. Celles et ceux qui ne le font pas (un foyer sur trois) relèvent peut-être de la psychiatrie et ils sont souvent propriétaires (propriété et misère n'étant pas incompatibles, surtout en zones rurales) : par contre, ils refusent la stigmatisation et c'est un déni. En sortir devient urgent pour les bénéficiaires les plus marginalisés : lesquels font valoir leurs droits et maintiennent une relation de confiance avec quelques interlocuteurs (en dépit de l'absence de confiance en l'institution et c'est une prouesse !) des services publics (en dépit des stigmates et des difficultés !) et déplorent l'absence de ceux qui ne les assument pas. Parce que oui nous sommes riches : d'un dispositif précieux et de projets alternatifs possibles. Non, il n'y a pas d'emplois salariés pour tous, c'est une crise.<br class="autobr"> Merci pour cet article où apparaissent certaines nuances que je m'efforce de compléter : « une travailleuse sociale » souvent au chômage car je ne suis pas formée pour ouvrir des droits...</p>