Cinq ans ont passé depuis les effondrements de la rue d’Aubagne le 5 novembre 2018, tuant huit personnes. Et depuis ? « 6000 personnes ont été délogées. 800 bâtiments ont été fermés par arrêtés de péril. Certains rouvrent, entièrement rénovés, mais seulement pour les touristes. Les promesses de relogement ont été rangées aux oubliettes. Beaucoup continuent de croupir dans l’insalubrité. Les loyers flambent. Les conditions imposées par les agences sont de plus en plus délirantes. Tout le monde trinque. Se loger est un enfer », résume l’appel à la marche du 5 novembre prochain collé dans les rues de Marseille.
Dans plusieurs quartiers, les boîtes à clé Airbnb côtoient désormais les cadenas des périls et des squats expulsés. « Les promesses de rénovation, d’encadrement des loyers, de quotas de logements sociaux ne sont pas plus respectées que celles de régulation des locations artistiques. Aucun programme de construction d’ampleur, aucun contrôle effectif des plateformes Airbnb. La mairie actuelle n’atteint pas la moitié de ses objectifs de construction de logements sociaux. »
Alors que les logements sont de plus en plus rares, les prix explosent. Un véritable parcours du combattant se met en place pour trouver un logement. « Certain
es n’osent plus changer d’appartement. D’autres se font jeter pour des rénovations factices et voient ensuite leur loyer doubler ou leur logement finir sur Airbnb. Beaucoup de celles et ceux qui continuent de vivre l’insalubrité et les mauvais traitements des propriétaires préfèrent se taire », souligne l’appel. Le silence prime pour éviter les menaces et l’expulsion. « On en a marre. Airbnb porte une responsabilité énorme dans cette crise du mal-logement. Les institutions aussi. »Des villes ont décidé de se saisir pleinement de la question comme New York qui, depuis le 5 septembre, a imposé une nouvelle loi qui durcit les règles de la location touristique de moins d’un mois et qui vise directement des plateformes comme Airbnb. Résultat, entre août et début septembre, le nombre d’annonces de courte durée a chuté de 70 %.
À Marseille en revanche, cinq ans après les effondrements, « on attend toujours de récupérer des logements. Les élus du Printemps marseillais ont déjà annoncé à maintes reprises de nouvelles mesures, sans jamais les réaliser vraiment ni contrôler leur application », dénonce l’appel. « L’aggravation du mal-logement à Marseille n’est pas une fatalité. C’est un choix politique : ne pas construire assez, laisser les plateformes et les spéculateurs immobiliers proliférer sur notre dos. »
« Du taudis au Airbnb, ras le bol ! Les loyers augmentent, on ne peut plus se loger. On veut un Marseille accueillant pour toutes et tous. Pour nos morts, contre vos profits, interdisons Airbnb, récupérons nos logements et réclamons la rénovation. »
- Infos pratiques :
- À 10 h, les collectifs 5 novembre et Un centre-ville pour tous appellent à un hommage aux morts de la rue d’Aubagne, ainsi qu’à Zineb Redouane, en présence des familles des disparu es. Rendez-vous place du 5 Novembre.
- Le départ de la « Marche du 5 novembre » aura lieu à 16 h au cours Julien.
photo de une : Le 5 novembre 2019, un an après le drame, la place Homère, située non loin du lieu de la tragédie, est rebaptisée « place du 5 novembre ». Les torches sont allumées pour la mémoire des disparus, des maisons en cartons circulent dans la foule. © Jean de Peña