Un an après sa sortie en ligne, le documentaire transmédia « Bargny, ici commence l’émergence », de Laurence Grun et Pierre Vanneste, est exposé au Festival des libertés de Bruxelles pendant 10 jours du jeudi 17 octobre au samedi 26 octobre 2019.
À seulement 35 kilomètres de Dakar, la ville sénégalaise de Bargny est en passe de devenir la nouvelle grande banlieue industrielle de la capitale. Prise en étau entre les conséquences de la montée des eaux liée au changement climatique et son basculement forcé vers l’industrie, elle est aussi, peu à peu, en train de disparaître. Ses habitants questionnent les promesses de progrès qui leur ont été faites par le pouvoir : à qui ce « développement » va-t-il profiter ? C’est ce que raconte Bargny, ici commence l’émergence.
En 2012, Maky Sall est élu président de la République du Sénégal. Ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade — évincé du pouvoir la même année — il fait figure d’outsider. Personne ne l’aurait donné favori. C’est avec le slogan « Yonoo Yokkuté », la voie de l’émergence, qu’il prend le pouvoir, promettant « développement » et « modernité » à tout le Sénégal. Pour cela, il adopte un nouveau modèle pour accélérer la marche du pays vers ladite émergence d’ici à 2030, le Plan Sénégal émergent (PSE). Six ans plus tard, même si la société sénégalaise reste très divisée sur le sujet, nombreux sont ceux qui ont déchanté, à cause de la vente des ressources halieutiques par le biais de droits de pêche à des nations étrangères, du réaménagement territorial à des fins de grands projets, ou de l’a mise en œuvre d’une politique économique axée sur l’attrait d’investisseurs privés de la diaspora ou étrangers.
Teaser "Bargny, ici commence l'émergence" - Nuit Noire production - sur Vimeo.
Bargny, commune située dans la banlieue de Dakar, est, elle aussi, mise à contribution. À seulement une trentaine de kilomètre de la capitale, cette ville de 70 000 habitants se vit menacée sur ses quatre points cardinaux : au sud, par l’érosion côtière qui emporte les habitations ; à l’ouest, par l’activité d’une des plus grandes cimenteries d’Afrique de l’ouest et ses carrières ; à l’est par la construction d’une centrale électrique à charbon contre laquelle les habitants luttent depuis 2008 ; au nord, par l’arrivée d’un pôle urbain de développement à destination des classes supérieures dakaroises et des investisseurs étrangers. Terres confisquées, ressources décimées, loin de voir leur niveau de vie s’améliorer depuis plusieurs dizaines d’années, les habitants voient leur économie locale et leur organisation sociale mises à mal.
Le 18 octobre à 18 h, Cheikh Fadel Wade, habitant de Bargny, sera présent pour un débat.
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