Recyclage

La contribution des déchets au réchauffement climatique reste sous-estimée

Recyclage

par Rachel Knaebel

À peine 3 %. C’est la part des émissions de gaz à effet de serre européennes qui vient du traitement des déchets, selon la comptabilisation de l’Agence européenne de l’environnement. Soit bien moins que les émissions qui proviennent des transports ou de l’agriculture. Mais selon un rapport publié cette semaine par les organisations Zéro Waste (l’ancien Centre national d’information indépendante sur les déchets) et le réseau international de villes et régions ACR+, ce chiffre est loin du compte.

« Actuellement une partie des émissions de gaz à effet de serre dues aux déchets sont comptabilisées dans la section agriculture (gaspillage alimentaire), dans la section énergie (incinération), dans la section transport et dans la section industrie (prévention et recyclage) », expliquent les organisations. La contribution de la gestion des déchets aux émissions de gaz à effet de serre, et donc au changement climatique, serait en fait bien plus importante que le chiffre officiel de 3 %. Par ricochet, le potentiel de réduction des émissions dans ce secteur aussi.

« Le cinquième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) semble avoir échoué à convaincre les décideurs politiques de prendre en compte les questions climatiques dans les choix de politiques de gestion des déchets », estiment Zéro Waste et l’ACR+. Pourtant, des politiques centrées sur la prévention des déchets plutôt que sur leur traitement seraient bien plus efficaces pour le climat. « Le recyclage d’ une tonne d’emballages en plastique permet d’éviter 500 kg d’équivalent de CO2, alors que l’utilisation d’une tonne de plastique de moins permet d’économiser six fois plus d’émissions (trois tonnes d’équivalent de CO2) », précise le rapport. Même le compostage des déchets biologiques n’est pas la meilleure solution si on la compare à la prévention du gaspillage alimentaire. Quels que soient les domaines, « la prévention génère les gains les plus importants ».

Et ce même lorsque les déchets servent à produire de l’énergie. Les deux organismes critiquent ainsi durement les politiques de soutien à l’énergie biomasse issue des déchets. « Considérer que brûler de la biomasse est neutre pour le climat encourage l’incinération de matériaux recyclables ou compostables, ce qui doit être la priorité, mais seulement après la prévention, précise Delphine Lévi Alvarès, responsable du plaidoyer à Zéro Waste France. Les soutiens à la biomasse n’encouragent pas à faire les efforts nécessaires en matière de prévention et de recyclage. » À côté d’une fiscalité qui privilégie la prévention, avec par exemple une TVA réduite sur les activités de réparation, l’organisation demande donc aussi la suppression de toutes subventions, directes ou indirectes, à la production d’énergie à partir de déchets.