Le séisme et le tsunami les plus violents enregistrés dans l’histoire de la sismologie ont provoqué un accident nucléaire sans précédent au Japon. L’état des centrales de Fukushima s’aggrave d’heure en heure et les mesures prises par le gouvernement japonais et Tepco s’avèrent clairement insuffisantes. Nous sommes actuellement face à une situation chaotique et insaisissable, en dehors de tous les schémas prévus pour cette technologie. Nous voyons bien l’inefficacité des derniers arrosages d’eau par les hélicoptères et les camions-citernes à canon, qui, du fait de la haute radioactivité, engagent la vie des intervenants, militaires, pompiers et policiers. Le Japon actuel n’a pas les 900.000 pompiers et les 40.000 mineurs qui ont été sacrifiés lors de la catastrophe de Tchernobyl à l’époque de l’Union soviétique.
L’autorité sur place, le gouvernement et Tepco, ne nous renseigne pas suffisamment afin de pouvoir comprendre la réalité du problème. Si l’on met de côté la réticence des autorités japonaises à dire la vérité pour éviter la panique générale et l’atteinte à leurs intérêts économiques liés à la compagnie électrique, on ne peut que déplorer une chose : la situation n’est plus sous leur contrôle.
À la conférence de presse « Citizen’s Nuclear Information Center » au Sénat japonais, le 17 mars, Goto Masashi, docteur en sciences et ex-engénieur chez Toshiba, responsable de la construction de cuves nucléaires, réclame la collaboration des scientifiques du pays pour faire face aux problèmes techniques que pose cet accident nucléaire.
Quant à la contamination radioactive, au village Iidate qui se trouve environ à 40 km de la centrale Fukushima Dai-ichi, on révèle que les quantités extrêmement importantes d’iode 131 (2.650.000 μ/h) et de Césium 137 ont été détectées sur les herbes sauvages au sol. Hiroaki Kioide, professeur de physique atomique à l’université de Kyoto vient de déclarer que si ces informations sont réelles, il faut créer une zone d’accès interdit et faire évacuer la population entière de cette zone. Le niveau de contamination du sol est maintenant deux fois plus élevé que celui de Tchernobyl au moment de l’accident, déclare M. Imanaka Tetsuji, un autre professeur de la même université. Il faut que les autorités internationales publient la quantité globale de radioactivité qui se promène dans la partie nord de notre planète.
En l’état actuel de la situation (le 25 mars), même si ces quatre réacteurs ne s’effondrent pas, la fuite radioactive va continuer probablement pendant un ou plusieurs mois, voire des années. C’est tout l’hémisphère Nord de notre planète qui sera hautement irradié pour une longue période. Ne pourrait-on pas créer en urgence une commission internationale qui regrouperait toutes les compétences et travaillerait afin d’éviter cette catastrophe ? Aussi, j’appelle tous les scientifiques du monde entier à collaborer avec les autorités japonaises.
À l’heure qu’il est, ce n’est plus la responsabilité ni du gouvernement japonais ni de Tepco, mais celle de l’humanité entière. Pour trouver rapidement une réponse à la crise, les scientifiques ont absolument besoin d’obtenir toutes les données relatives aux centrales nucléaires atteintes, qui risquent de mettre en péril une bonne partie de l’humanité. Dans une ou deux semaines, notre destin sera probablement scellé. À tous les scientifiques du monde, réunissez-vous !
Kolin Kobayashi, journaliste, correspondant de Days Japan à Paris