Le jeudi 17 octobre, une étudiante de l’université Paris I-Panthéon-Sorbonne, militante de l’Union nationale des étudiants de France (Unef) « a été agressée en sortant de son domicile par un individu qui lui a asséné deux coups à l’arme blanche, au visage et à la gorge, entraînant son hospitalisation », raconte l’organisation étudiante dans un communiqué. Ses jours ne sont pas en danger et une plainte a été déposée. « L’affaire est prise au sérieux et les investigations sont en cours », précise une source policière. Une autre militante de l’Unef, de l’université de Nanterre, avait assuré avoir été également agressée et menacée dans la soirée du 21 octobre à Paris. Elle est, depuis, revenue sur son témoignage et sera entendue pour « dénonciation de délit imaginaire » [1]
La ministre de l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso avait condamné « avec la plus grande fermeté les agressions inacceptables dont ont été victimes [les] deux étudiantes », militantes de l’Unef (c’était avant que la seconde étudiante reconnaisse avoir menti). « Le débat démocratique et syndical ne doit laisser aucune place à la violence », ajoute la ministre qui « demande aux établissements d’enseignement supérieur d’être vigilants et de faire preuve de la plus grande fermeté (...) afin d’éviter toute dérive de violence sur les campus ». L’agression du 17 octobre est intervenue dans un contexte de tensions grandissantes dans certaines universités, en particulier à Paris I. Les jours précédant, plusieurs membres de l’Unef avaient reçu des appels téléphoniques ou des mails les menaçant de violences ou de viols. « Nos noms, nos photos et nos coordonnées étaient diffusés sur des sites d’extrême-droite », rapporte Emilien Martin, président de l’Unef à Paris I.
Des universités parisiennes à Avignon
Point de départ de ces tensions : des altercations entre militants de l’Unef et des membres de la Fédé Paris I, une « corpo » qui s’affiche comme « apolitique ». La corporation étudiante accuse le président de l’Unef locale de les avoir menacé avec une barre de fer. Celui-ci reproche à la Fédé Paris-1 d’avoir fait circuler des vidéos relayées ensuite par des sites d’extrême-droite. Et a annoncé avoir porté plainte en diffamation. « A chaque fois que l’extrême-droite n’a pas de prise dans une université, elle trouve une porte d’entrée dans les groupes apolitiques et non-syndicaux », estime Emilien Martin.
L’organisation étudiante a par ailleurs déposé une plainte pour incitation à la haine et à la violence contre une publication de l’Action française universitaire, qui, datée du 15 octobre, titre : « Reprends ta fac, tuons tous les gauchismes ». L’Action française, groupuscule royaliste d’extrême-droite au lourd passif antisémite, dénonce de son côté « une grossière manœuvre destinée probablement à faire tomber notre organisation en obtenant son interdiction ».
Il n’y a pas que dans les universités que la tension monte. En septembre, Julie Del Papa, co-responsable de la commission écologie du Parti de Gauche, vivant à Avignon, a été la cible de propos haineux et d’appel au viol sur le réseau social Twitter, par des internautes proches de l’extrême droite s’exprimant sous pseudonymes (lire l’article de Politis). « Ces méthodes sont inqualifiables et cette attitude est révélatrice de ce qu’est l’extrême droite et le Front National. Insultes, intimidations, appel à la haine, sexisme, racisme, humiliation, machisme, soumission, référence au nazisme… », déplore sur son blog Julie Del Papa, qui a déposé plainte contre X. La ministre de la Justice et le ministre de l’Intérieur ont été interpellés sur cette affaire par plusieurs élus, dont Marie-George Buffet (PCF/Front de Gauche), Sergio Coronado (EELV), Sandrine Mazetier (PS) et Jérôme Guedj (PS).