Contrairement à une idée reçue, l’échec scolaire n’a pas grand chose à voir avec les enfants issus de l’immigration, qui connaitraient davantage de difficultés insurmontables dans l’apprentissage de la langue notamment. « Renvoyer la responsabilité de l’échec scolaire ou du chômage sur les migrants n’est pas récent et, dans l’histoire de notre pays, se répète à chaque crise », rappelle l’Observatoire des inégalités. Les migrants sont simplement confrontés aux mêmes problèmes que les catégories modestes.
En apparence, les jeunes d’origine immigrée réussissent moins bien que les autres à l’école : entre 50 et 55 % des enfants dont la famille est originaire du Maghreb, d’Afrique subsaharienne ou du Portugal obtiennent le bac, contre 64 % pour les enfants de famille non-immigrée. Mais c’est parce qu’ils appartiennent, en moyenne, à des milieux sociaux défavorisés dont le taux d’échec scolaire est élevé, descendants d’immigrés ou pas. Ainsi, 40 % des enfants dont la mère n’a aucun diplôme ont leur bac, contre 90 % pour ceux dont la mère est diplômée de l’enseignement supérieur.
A milieu social équivalent, les enfants d’immigrés sont même plutôt meilleurs que leurs camarades, car il sont en général plus motivés, et ont un véritable projet d’ascension sociale. « Ils n’ont été que peu scolarisés et ils n’ont donc pas été mis en échec par le système éducatif, contrairement aux parents peu qualifiés qui ne sont pas d’origine immigrée », souligne l’Observatoire des inégalités. Les enfants d’immigrés africains, asiatiques ou maghrébins, dont aucun des parents n’a eu le baccalauréat, ont des taux de réussite au bac (général et technologique) similaires – autour de 37% – à leurs concitoyens français dans la même situation.
Même processus côté chômage. Pour expliquer le moindre taux d’emploi des descendants de migrants africains, l’Insee avance dans un récent rapport le fait que leurs parents sont plus souvent ouvriers, employés ou en situation de retrait du marché de l’emploi (retraité, chômeur, mères n’ayant pas travaillé). Le lieu de résidence joue aussi en leur défaveur quand ils recherchent du travail : au moment d’achever leurs études, 43% des descendants d’immigrés africains vivent dans un quartier dépendant de la politique de la ville, contre 7% de descendants des personnes nées en France de deux parents nés en France. A cela s’ajoute une discrimination à l’embauche : 28% des descendants d’immigrés d’Afrique estiment avoir été discriminés en raison de leur nom, 20% en raison de la couleur de leur peau.