De la maison écologique à la gestion parcimonieuse de l’eau, du jardinage bio aux économies d’énergie, le centre Terre vivante, situé à Mens, à 60 kilomètres au sud de Grenoble, présente aux 25 000 visiteurs qui passent chaque année entre mai et octobre les pratiques d’une écologie possible au quotidien. Initié à la fin des années 1970, le projet réunit alors quelques agriculteurs bio, des ingénieurs agronomes et des journalistes. Ils décident de tenter l’aventure : créer un journal afin de parler d’écologie pratique. Grâce à l’appui des milieux écolos, la revue les Quatre saisons du jardinage prend très vite son essor et permet à la petite équipe de créer une maison d’édition. Terre vivante est aujourd’hui devenue l’éditeur attitré de l’écologie pratique avec plus de 150 000 livres vendus chaque année. « Puis au milieu des années 1980, explique Claude Fournier, directrice du centre Terre vivante, nous avons voulu donner corps à cette écologie pratique dont nous parlions à longueur d’articles et de livres. Il y avait besoin d’un lieu pour donner à voir, pour que les gens puissent toucher du doigt ce que sont ces pratiques. »
Les « parisiens » se transportent donc au sud de l’Isère, dans une région, le Trièves, où leur présence va permettre l’émergence de pratiques agricoles biologiques. « Nous nous sommes installés en 1992. En 13 ans, le Trièves est devenu le premier producteur bio du département », se réjouit Claude Fournier. Le combat n’était pas forcément gagné d’avance. L’arrivée des écolos n’est alors pas bien vue par certains. Les chasseurs notamment. « Désormais, tout le monde s’est habitué à vivre avec nous », explique la directrice. « Au début, nous étions une verrue, maintenant nous avons fini par nous fondre dans le paysage... ». Une foire biologique a vu le jour à Mens en septembre. Terre Vivante participe aux mobilisations locales : lutte contre le projet d’autoroute Grenoble- Sisteron, lutte contre l’implantation de la ferme des célébrités à Mens... Mais les 25 000 visites par an ne suffisent pas à assurer la pérennité du site qui ne vit que grâce aux succès de la revue et de la maison d’édition. Pas question cependant de baisser les bras... « Tant qu’on écrit de manière dogmatique, on n’arrive pas à toucher un public plus large, insiste Claude Fournier. Le centre permet d’aller au-delà des mots. Nous proposons une immersion dans l’écologie, de manger bio, de voir comment fonctionne une gestion de l’eau au plus proche des préoccupations de tous. Nous montrons que l’écologie est simple à mettre en pratique. »
Quel est le profil du visiteur type ? Il a entre 30 et 50 ans, vit dans une ville moyenne, possède une maison, ou souhaite en acquérir une, et dispose d’un jardin. Dans les allées du centre, de nombreux jeunes couples s’intéressent de près aux matériaux écologiques pour construire sa maison, aux toilettes sèches, au circuit de l’eau - et aux astuces pour ne pas la gaspiller -, aux différentes manières d’économiser l’énergie ainsi qu’aux modes de jardinage biologique. Le restaurant permet de redécouvrir le vrai goût des fruits et légumes cultivés biologiquement. Une boutique propose d’aller plus loin sur le jardinage ou l’auto-construction. Des conférences de spécialistes expliquent comment améliorer les pratiques du jardinage ou d’en savoir davantage sur les matériaux et techniques de l’habitat écologique. Terre vivante, et ses passeurs d’informations, permettent ainsi de prendre conscience que l’écologie se conjugue au quotidien.
Stéphane Fernandez