Notre objectif avec la création de l’Observatoire des multinationales était de prolonger, approfondir et systématiser le travail d’investigation que nous menions déjà au sein de Basta! sur les activités des grandes entreprises françaises, aussi bien ici en France qu’ailleurs dans le monde.
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Mieux connaître les grands groupes, leurs activités et leurs conséquences sur les salariés qui y travaillent, l’environnement ou les communautés locales. Mieux cerner leurs modes d’influence, déconstruire leurs stratégies et leurs discours. Porter la voix des travailleurs, des riverains et des lanceurs d’alerte. Mettre en valeur les alternatives. Tout cela nous paraît fondamental dans un contexte d’affaiblissement, voire d’abdication, des forces qui contrebalançaient traditionnellement le pouvoir économique, à commencer par le pouvoir politique et les autorités publiques.
Un enjeu démocratique délaissé des médias classiques
L’enjeu est donc fondamentalement démocratique : il s’agit de doter les citoyens et les décideurs des moyens de construire une société plus juste et plus écologique, sans céder au chantage de ceux qui leur assurent qu’il n’y a pas d’alternative possible. Et le premier de ces moyens, c’est l’information. Une information complète, critique et indépendante.
Cet enjeu, force est de constater que les médias traditionnels le délaissent presque complètement. Il y a plusieurs raisons à cela. La première est que beaucoup de ces médias sont contrôlés directement ou indirectement par les grandes entreprises, ou en dépendent pour leurs revenus publicitaires. La seconde est que les entreprises, ne serait-ce que pour des raisons commerciales ou de communication financière, font tout ce qu’elles peuvent pour verrouiller l’information autour de leurs activités. Il y a aussi le fait que les médias restent focalisés sur le pouvoir politique et son petit théâtre, alors que l’essentiel se joue en coulisses. Même le travail d’investigation sur les scandales politico-financiers et les rapports de pouvoir au sein des « élites » – aussi crucial et indispensable soit-il – n’est pas suffisant s’il ne pose pas aussi la question de l’impact social, environnemental et démocratique des choix politiques et économiques, et des alternatives à ces choix.
Un travail quasiment unique en France
C’est pour commencer à combler ce manque – à notre échelle et avec des ressources sans commune mesure avec celles des grandes entreprises et des médias traditionnels – que nous avons lancé l’Observatoire des multinationales. L’Observatoire alimente Basta! en sujets d’enquêtes et propose certains contenus spécifiques, comme des « tableaux de bord » sur les principaux groupes français, un travail de veille sur les grandes entreprises, un traitement plus détaillé de certains dossiers. Aujourd’hui, au bout d’un an, nous avons le sentiment d’avoir accompli beaucoup, mais nous sommes aussi conscients qu’il faudrait faire bien davantage.
Depuis un an, nous avons ainsi poursuivi le travail engagé par Basta! sur des thèmes comme les paradis fiscaux et la régulation de la finance, les accords commerciaux internationaux, l’agriculture et les semences, la privatisation de l’eau et des services publics.
Seuls ou presque parmi les médias français, nous avons étudié les investissements des entreprises françaises dans des secteurs comme celui des grands barrages en Amazonie, dans le charbon ou les gaz de schiste partout dans le monde. Nous avons aussi enquêté à de nombreuses reprises sur les problèmes de droits des travailleurs et d’atteinte à l’environnement dans des filières internationalisées comme celles du textile, des industries électroniques, de l’agroalimentaire ou du BTP, à l’heure où les projets pharaoniques se multiplient. Nous avons aussi été les seuls à informer sur la répression syndicale subie par des employés de groupes français comme ceux de Lafarge en Algérie ou d’Airbus en Espagne.
Enfin, nous avons aussi commencé à développer nos propres indicateurs sur la réalité des entreprises – notamment en matière d’inégalités salariales et de redistribution des profits sous forme de dividendes. Et plusieurs enquêtes de l’Observatoire existent également en anglais.
Les nouveaux chantiers de 2015
En 2015, nous continuerons à mener ces chantiers. Et nous envisageons d’en mener d’autres : de nous pencher sur le secteur de l’armement ou celui des industries extractives. Nous souhaitons également nous intéresser aux entreprises dont nous, citoyens français, sommes indirectement propriétaires : les entreprises publiques et celles dans lesquelles l’État détient une participation. N’aurions-nous pas notre mot à dire sur leurs activités et stratégies ? Parallèlement, nous sommes sollicités de toutes parts par des syndicalistes, des ONG, des lanceurs d’alerte ou de simples citoyens pour enquêter sur tel ou tel projet, relayer tel rapport ou telle publication. La liste des sujets d’enquête en attente ne cesse de s’allonger, alors que nos ressources – cinq journalistes salariés temps plein seulement pour faire vivre Basta! et l’Observatoire – sont modestes.
Si comme nous, vous pensez que la construction de contre-pouvoirs à la puissance économique est un enjeu démocratique majeur, alors soutenez financièrement Basta! et l’Observatoire. Et un grand merci à celles et ceux qui y ont déjà pensé !
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Olivier Petitjean et Ivan du Roy