« La mine va nous faire mourir à petits feux. On aura de l’argent, mais plus d’eau. » Luciano est venu vendre ses gâteaux et son pain sur ce marché, à quelques encablures du village de Sorochuco, à 3 000 mètres d’altitude, dans la région de Cajamarca, au Pérou. Avec ses mots, il résume le sentiment général qui domine ici, au pied de la future mine, au milieu des pommes de terre en tout genre, des bananes, des cochons, chevaux, moutons et chapeaux typiques de la région. Un mode de vie ancestral est menacé, l’équilibre de toute une région.
En cause, le projet Conga, une mine d’or à ciel ouvert. Elle serait la plus grande d’Amérique Latine, voire du monde. 3 000 hectares de terre exploitée, au sommet des Andes péruviennes, entre 3700 et 4200 mètres d’altitude. Cinq lagunes seraient vidées. Soit pour récupérer l’or présent sous ces réserves d’eau, soit pour y entreposer les 90 000 tonnes de terre extraites quotidiennement, avec tout l’éventail des produits chimiques utilisés pour l’extraction.
De quoi faire le bonheur de la holding Yanacocha, la lagune noire en langue Quechua, constituée par l’entreprise péruvienne Buenaventura (43,65%), IFC, une filiale de la Banque Mondiale (5%) et surtout Newmont Mining Corporation (51,35%), une entreprise états-unienne basée à Denver, qui figure en bonne place dans le portefeuille d’actions de la BNP Paribas, à travers un fonds d’investissement basé au Luxembourg, BNP Paribas Investment Partners Luxembourg [1]. Selon les prévisions de la holding, à l’horizon 2017, 200 tonnes d’or et 180 000 tonnes de cuivre seront extraites chaque année. L’exploitation durera une vingtaine d’années. Ce que n’avait pas prévu Yanacocha, c’est que des milliers d’habitants de la région de Cajamarca, où est implantée la mine, allaient se mobiliser. Et ne rien lâcher, malgré les pressions et répressions, les manipulations, et selon certains, la corruption.
« Le président Humala sera jugé pour ses crimes. »
Avec ses 25 000 habitants, la ville de Celendin, au pied des montagnes, est en apparence tranquille. Mais sur les murs, les inscriptions « Agua si, Oro, no ! » ou « Conga no va » (De l’eau, oui, de l’or, non, ou Conga ne passera pas), indiquent qu’il y a seulement un an, Celendin était le théâtre d’une forte mobilisation. Une grève générale, entre le 31 mai et le 3 juillet 2012, a débouché sur l’état d’urgence décrété par le président péruvien, Ollanta Humala. Bilan : cinq morts, dont deux à Celendin, en juillet 2012, sous les tirs des forces de l’ordre. Depuis, le projet Conga a été suspendu. Officiellement.
« Le président Ollanta Humala sera jugé pour ses crimes et son non-respect de la loi, une fois qu’il ne sera plus au pouvoir, lance Milton Sanchez. Il lui arrivera ce qui est arrivé à Fujimori [Président péruvien de 1990 à 2000, Alberto Fujimori est actuellement en prison pour violations des droits de l’homme]. » Avec sa casquette rouge et sa barbe de plusieurs semaines, Milton Sanchez est la figure de proue du mouvement. A 32 ans, il est le représentant de la Plateforme inter-institutionnelle de Celendin, qui regroupe 37 associations locales. Son rôle est de fédérer le mouvement, d’informer les communautés. « Je suis considéré comme un terroriste », lâche-t-il mi-rieur, mi-inquiet. Milton Sanchez est un homme à abattre. 40 plaintes ont été déposées contre lui. Parfois dans des lieux où il n’a jamais posé les pieds. « Le but est d’instiller la peur parmi la population », explique-t-il. Tout faire pour décourager les mobilisations et permettre ainsi la poursuite de Conga. Au total, 110 opposants au projet seraient poursuivis en justice.
Un système hydrique bouleversé
Pour rejoindre le village de Sorochuco, il faut parcourir la montagne pendant trois heures. La monter, la descendre, inlassablement, sur une route de pierre entrecoupée de centaines de petits ruisseaux ou de fleuves, qui prennent leurs sources sur les hauteurs, à l’endroit du projet Conga. Tout est vert, luxuriant. Les 13 000 habitants du district vivent principalement de l’agriculture. Son territoire est la zone la plus menacée par le projet. « Jamais notre communauté n’a donné son accord à ce projet », explique, en colère, Fabio Rodriguez Rojas, vice-président de la ronda campesina, une organisation d’auto-défense du village. Le 20 mai 2013, Fabio et quelques-uns de ses hommes sont montés à la lagune. Ce jour-là, ils ont remarqué que, contrairement à ce qui était annoncé, les travaux continuent. « Tout le village va aller manifester là-haut, en juillet, et si la police nous attaque, on ne se laissera pas faire », annonce-t-il.
« Développement durable » oblige, l’entreprise a bien sûr prévu des mesures de compensations. Des réservoirs d’eau permettront de transférer l’eau des lacs, et donc d’approvisionner la région, même une fois l’exploitation commencée. « Les réservoirs quadrupleront les capacités de stockage de l’eau », affirme Diane Reberger, directrice de la communication de l’entreprise Newmont. « On veut nous faire croire que l’eau de ces lacs vient de la pluie, s’insurge Fabio. Jamais les réservoirs ne seront remplis. L’eau des lacs vient des sources du sous-sol ! Aucun réservoir ne pourra remplacer la lagune. Ce qui va se passer, c’est que l’on va mourir. » Le projet minier menace de bouleverser entièrement, voire de détruire, le complexe système hydrique local, qui canalise les infiltrations d’eau de pluie tout en alimentant les champs et les villages de la région.
Le désastre de Charopampa
Pas moins de trois fleuves prennent leur source à cet endroit. Des fleuves qui risquent forts d’être contaminés, à l’image de l’ensemble des sources d’eau de la zone. Pour extraire l’or, l’entreprise doit notamment utiliser une solution contenant du cyanure. Et puisera abondamment dans les réserves de la région. Au total, 2 millions de mètres cube d’eau seraient utilisés par Newmont, chaque année. De l’eau qui sera sans cesse recyclée et réutilisée, assure l’entreprise. Pas de quoi s’inquiéter…
Pourtant, les habitants de Cajamarca ont en tête les événements de Charopampa. C’est dans ce petit village qu’en 2000, un camion venant de la première mine de Yanacocha, exploitée par Newmont depuis le début des années 1990, a déversé accidentellement les bidons de métaux lourds qu’il transportait. « Les villageois ont pensé que c’était de l’argent, raconte Martin Peregrino, militant contre le projet Conga. C’était en fait du mercure. N’ayant parfois pas de récipients pour le transporter, ils ont mis ça dans leur bouche ! » Depuis, Yanacocha a construit une école, amélioré le système d’eau du village, indemnisé 750 victimes de l’accident. « Mais on leur faisait signer un papier disant qu’ils ne poursuivraient pas l’entreprise, raconte Martin Peregrino. Certains ont accepté l’argent, se sont construits une belle maison avec. Et puis ils sont tombés malades, intoxiqués. Certains décèdent aujourd’hui parce que leurs défenses immunitaires sont faibles. » Dans toute la région, des roches mélangées avec des produits chimiques ont été entreposées. Elles ont été charriées pour extraire les minerais de la montagne.
Répression policière et formation française
Les lagunes visées par le projet minier sont désormais gardées par des policiers mis à la disposition de la mine par l’Etat péruvien et directement rémunérés par l’entreprise. D’ailleurs, la police péruvienne a reçu, en novembre 2012 une formation d’ une semaine « aux techniques de maintien de l’ordre avec respect des droits de l’homme », par des officiers de la gendarmerie française ! Lieu de la formation : Cajamarca, là où le projet Conga devrait se développer ; là où la répression policière fut très forte, en mai 2012.
« Cette formation a consisté à présenter aux policiers spécialisés des unités anti-émeute péruviennes les méthodes de la gendarmerie nationale en matière de gestion démocratique des foules et d’emploi des armes non létales et d’autres matériels spécifiques », a répondu le ministère français de l’Intérieur à une question parlementaire écrite posée par le député Sergio Coronado. Une initiative qui privilégie la force et l’encadrement des foules au dialogue ! Depuis novembre 2012, les formations se sont renouvelées, comme cette simulation d’opération de maintien de l’ordre en avril dernier (vidéo).
« Au total, 400 policiers surveillent jour et nuit le site de la mine », témoigne Martin Peregrino. Pour l’entreprise, assurer sa sécurité n’a pas de prix. Il faut absolument éviter les mobilisations de l’an dernier, où 10 000 habitants s’étaient réunis pour défendre la lagune, au sommet de la montagne. Désastreux pour l’image de Yanacocha… et pour le Président péruvien, qui avait assuré, pendant sa campagne électorale, en 2011, qu’il défendrait l’eau plutôt que l’or. « J’ai soutenu Ollanta Humala parce qu’il disait qu’il allait défendre l’eau, rappelle Fabio Sanchez. Aujourd’hui, il nous considère comme des Rouges ! » Comme le vice-président de la ronda campesina de Sorochuco, beaucoup se sentent trahis par le président péruvien. « Ollanta Humala n’a jamais été un lutteur social, auprès de la population, raconte Fernando Gutierrez, journaliste, éditeur et responsable de la communication du jeune parti écologiste, Terre et Liberté. C’est par opportunisme qu’il a développé ces thèmes-là. Pour être élu. »
Diviser pour mieux régner
La mine ne pose pas seulement un problème d’eau. En parcourant les étales du marché de Sorochuco, on peut déjà apercevoir les conséquences sur l’économie locale. Ici se rencontrent les produits du haut de la montagne (les tubercules), et ceux du bas (les fruits). « La mine étant présente sur le haut de la montagne, la production de pommes de terre est en train de chuter », explique Fidel Torres, un botaniste venu étudier l’économie de cette zone naturelle. Les terres agricoles autour de la mine ont été achetées par l’entreprise. La quantité de pommes de terre produites a donc chuté, ce qui a augmenté son prix. « On m’a proposé d’acheter mes 140 hectares de terre, que j’ai au pied du territoire de la mine, raconte une paysanne. Des ingénieurs m’ont dit que mes terres n’étaient pas bonnes, qu’il valait mieux que je parte à un autre endroit, qu’on allait me donner de l’argent pour cela. Mais j’ai refusé. »
Tous ne sont pas de cet avis. Certains villages acceptent ainsi la réfection d’une école, la rénovation d’un terrain de football ou des semences de pommes de terre commerciales. Ces pommes de terre non originaires de la zone visent à accroître la productivité des paysans, explique Newmont dans ses documents. Le petit village de Lirio, à 3 500 mètres d’altitude, en a fait l’expérience. « Au départ, on ne savait pas quelles seraient les conséquences de la mine, remarque Flor, une habitante. On acceptait les semences ! Puis Milton Sanchez est venu nous expliquer ce qui allait se passer. On a décidé de refuser toutes les aides de la mine. Car sans eau, toute notre nourriture sera affectée. Tous les êtres humains, nos animaux aussi. » Ces cadeaux créent des divisions entre communautés, selon qu’elles les acceptent ou les refusent. Idem pour les emplois générés par la mine. Face aux salaires mirobolants qu’on leur propose, certains paysans acceptent de travailler à la mine. Et deviennent des défenseurs du projet !
« La mine a acheté beaucoup de leaders politiques »
« Quand Yanacocha est venue s’installer dans la région, à la fin des années 1980, elle a parfois acquis des terres à des prix très faibles, raconte Martin Peregrino. Selon les opposants au projet, la holding n’achèterait pas que des terres. « La mine a acheté progressivement beaucoup de leaders politiques ou associatifs, avance Milton Sanchez. Quand on va informer les gens et que l’on demande leur soutien, on nous dit : combien d’argent vous nous proposez ! »
Quant à l’étude d’impact environnemental du projet Conga, elle est largement critiquée par deux spécialistes mandatés par le gouvernement, sous la pression des habitants. Les auteurs de l’étude sont des entreprises privées qui ont intérêt à ce que le projet soit lancé, écrivent-ils en substance. Et les habitants de la zone ont eu un mois pour prendre connaissance des 1600 pages ! « C’est impossible, d’autant que les paysans ici ne savent parfois pas lire ! », ajoute Milton Sanchez.
« Les journaux locaux ont voulu faire croire que Celendin était la nouvelle route du narcotrafic, qui menait la cocaïne jusqu’en Colombie », relate Milton Sanchez. Par qui sont financés ces journaux ? La mine, comme l’affirme les opposants ?. « Affichés dans la rue, ils sont simplement là pour influencer les habitants avec leurs grands titres », explique César Augusto Aliaga, le vice-président de la région de Cajamarca. Hostile au projet minier, le gouvernement régional, à majorité communiste, doit d’ailleurs affronter les rumeurs et les critiques. « Si le projet a été officiellement repoussé de deux ans, c’est pour attendre les élections de 2014, estime César Aliaga. Ils espèrent nous faire partir de la Région. » « Petit à petit, les futurs candidats à ces élections sont achetés », accuse de son côté Nicanor Alvarado, représentant du parti écologiste Tierra y Libertad à Cajamarca.
Bouleversements climatiques
Pourquoi le vice-président régional de Cajamarca est tant opposé au projet de Conga ? Parce que Yanacocha exploite une première mine depuis maintenant 20 ans. 70% de l’eau de Cajamarca vient de cette zone. « Le système naturel d’approvisionnement en eau a été détruit », décrit l’élu régional. Les milliers de mètres cube d’eau utilisés par la mine sont retraités par une station d’épuration avant d’être acheminés à Cajamarca. « Une fois la mine fermée, qui s’occupera de ce système artificiel ? », s’interroge le vice-président avant d’ajouter : « Sur cette même zone, il y a au moins cinq projets miniers, de différentes entreprises. Tous nos réservoirs en eau sont touchés. Quel va être l’impact de ces projets cumulés ? »
Les exploitations minières provoquent ainsi des bouleversements climatiques à des échelles locales. « L’activité minière, notamment lorsqu’elle opère à ciel ouvert, a plusieurs types de répercussions », explique Julia Cuadros Falla de l’organisation CooperAcción à Alter Echos. Bien souvent, les mines à ciel ouvert sont exploitées sur le sommet des montagnes. « Lorsque le sommet est rasé pour laisser place à la mine, les vents modifient les systèmes nuageux locaux pour les envoyer sur d’autres zones. » L’équilibre de la zone est bouleversée : des sécheresses se produisent à un endroit, des inondations à un autre. « Déplacer des millions de tonnes de roche et de terre du sommet pour les entreposer plus bas, en plus de relâcher du carbone dans l’atmosphère, peut conduire à produire une montagne artificielle, ou tout du moins, à modifier considérablement une autre zone. » Là encore, quelles conséquences provoquera le projet Conga ?
L’une des régions les plus pauvres du Pérou
Mais la mine n’est-elle pas une extraordinaire chance pour l’économie de la région ? César Aliaga le nie fermement. Sur les 5 milliards de dollars d’investissement que représente le projet, peu serviront à alimenter l’économie locale. « Les salaires sont tellement élevés, note le vice-président de la région, que les employés partent ensuite vivre en dehors de la région. » Résultat : malgré son industrie minière, Cajamarca est une des régions les plus pauvres du pays. « C’est une croissance économique temporaire et non soutenable. Et les impacts négatifs comme la pollution ou la destruction de l’environnement n’ont pas été calculés. »
En 30 ans, avec l’attrait des mines, Cajamarca est passé de 90 000 à 300 000 habitants. Ses infrastructures publiques n’étaient pas préparées à un tel boom démographique. Ni son réseau d’eau, aujourd’hui inadapté pour couvrir les besoins de l’ensemble du territoire de la ville, qui souffre donc de coupures régulières. Un comble dans une région aussi dotée en réserves d’eau ! « Une partie de l’argent des mines, qui est reversé à l’Etat, sert aux développements des infrastructures, aux services d’énergie électrique ou aux aéroports, remarque Fernando Gutierrez de Tierra y Libertad. Tout ce qui favorisera ensuite la mine ! Très peu va à la santé, l’éducation. »
Le résultat de 20 ans de libéralisation
« Dans de nombreuses régions touchées par les mines, c’est la même chose : il n’y pas de bénéfices pour les exclus, critique César Aliaga. Mais le gouvernement s’est marié avec cette idée depuis 20 ans. » Tout s’est joué à l’époque du président Alberto Fujimori. Ce dernier décide de favoriser très largement les investissements étrangers, en leur garantissant des concessions très avantageuses. A cette époque, le projet Yanacocha est celui d’un établissement public français, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), alors dirigé par Claude Allègre. En 1982, c’est en effet le BRGM qui a découvert ces extraordinaires gisements d’or dans la région de Cajamarca.
Pour l’exploiter, le BRGM s’associe à Newmont Mining, l’entreprise américaine, et Buenaventura, l’entreprise péruvienne. Mais le rachat des parts de BRGM par Normandy La Source, une entreprise australienne, remet en cause leur alliance. Newmont Mining, concurrente de Normandy La Source, attaque l’entreprise française devant la justice péruvienne. Les deux parties sont accusées d’avoir tentées de corrompre les juges locaux [2]. Finalement, les Américains accèdent au bras droit du président Fujimori, Vladimiro Montesinos, chef des services secrets péruviens, soutenu par la CIA. Ce dernier permet à Newmont de gagner la bataille. L’entreprise française est évincée. Montesinos est aujourd’hui en prison pour des affaires de corruption ainsi que pour des meurtres qu’il a commandités.
Depuis cette époque, le Pérou voit se développer des projets miniers et pétroliers. Provoquant sur leur passage des centaines de conflits sociaux, dont 60% sont directement liés à l’environnement. Dans le secteur de l’industrie extractive, les entreprises françaises ne sont pas en reste, notamment en Amazonie, à l’image de l’entreprise pétrolière franco-britannique Perenco (Lire l’article de Basta!) présente dans la région du Loreto, à la frontière avec l’Equateur, ou Maurel et Prom, dans l’Amazonie du nord du Pérou.
Les conséquences de l’ensemble de ces industries extractives pourraient être désastreuses. Le Pérou serait déjà le troisième pays le plus vulnérable au monde en matière de dérèglements climatiques. A Cajamarca, l’or que les Espagnols demandèrent en échange de la liberté de l’empereur Inca Atahualpa, en 1532 [3], n’a pas fini de provoquer le malheur des Cajamarquinos. La malédiction des matières premières.
Simon Gouin
Photo de une : © Enrique Castro-Mendivil
Autres photos : Simon Gouin et Raquel Neyra de la Plateforme Inter-institutionnelle de Celendin
Photo de la mine à ciel ouvert Yanacocha : Euyasik, wikimedia commons